Sur ma joue, en bubon, se veloute une pĂŞche,
Si grosse que j’ai l’œil, souligné par l’oignon,
Mais, eut-il mieux valu qu’elle soit un brugnon ?
L’un est si doux et rond ; quand l’autre se fait, rêche.
Mon nez se glisse et fort, s’allonge sans façon,
Se prend pour Cyrano, s’hasarde, il se projette,
S’élance, il se finit, sur ma lèvre en courgette,
Si long que l’on pourrait y pendre un hameçon.
A ma bouche, le vert, de la cosse, s’attarde
Et ne recouvre plus mes dents… des petits pois
Et s’amidonne ; épis, à mon col, un empois,
De blés secs et mûris par le vent qui chambarde.
Des feuilles, un melon, sur ma nuque en raisin,
Contournent la rondeur d’un lampion, la figue.
Ne manque Ă ce tableau que le thym de garrigue,
Une framboise en haut s’ennuie au frais coussin.
De l’ail, en chapelet s’écoule à mon oreille,
Boucle blanche et s’endort contre le frais rameau
Que fait l’endive ; et l’or, de la poire, un pommeau,
Se niche au creux du cou ; à l’envers de la treille.
Amicales pensées à toutes et tous.
-----------------------------------
"La poésie est la langue complète, la langue par excellence, qui saisit l'homme par son humanité tout entière, idée pour l'esprit, sentiment pour l'âme, image pour l'imagination, et musique pour l'oreille". - Alphonse De Lamartine