Inscrit le: 11/9/2012 De: Agadir, Maroc Envois: 3 |
Printemps (démocratique)en flammes Nous, Amazighs, Arabes, Musulmans, Témoins soussignés d'un printemps précoce Si casanier soit-il, il sort de sa tanière Le froid le pénétrait jusqu'à la moelle épinière Il jette sur sur les Places des Martyrs Garants de la liberté de la foi Sur les jardins sur les champs Sur tous les toits Des lueurs fauves et mouvantes Un regard qui dépouille les plantes de leur écorce Les roses et les jasmins vocifèrent Se fanent, s'étiolent, se brûlent Intolérable est cette atmosphère de galère, Avouons avoir participé à l'effervescence de faux dieux Assoiffés de sang depuis longtemps Qui lancent partout plus de douleur Sèment plus de terreur Des corps humains ceux de nos frères et soeurs Désemparés fatigués suite à une abondance carence A une longue errance Enquête d'un abri qui les protège Contre ces idoles cruelles Contre leur narcissisme venimeux et mortel Ils refusent d'être à jamais esclaves Qui courent après leurs chaînes Leurs voix se transforment en laves Brisent les rênes Scandent en cadence A tue tête des mots interdits Face à toute forme de tyrannie A cette fâcheuse manie De répéter sans cesse"Oui! Oui! Oui!" Qu'éclate au grand jour le non-dit! A bas ces astres maudits! Qui survolent les mers et les océans Pour censurer nos faits et gestes Pour avoir les mains lestes Ils ont honte d'avoir étouffé le "non" hardi Qui n'assassine pas le rêve dans son berceau N'alourdit pas les ailes d'une tourterelle ou d'un moineau Ils n'ont plus peur de leurs ombres D'un lendemain sombre Ils savent qu'ils doivent ou périr Ou fondre dans les débris du tumulte Qui s'élève Soulève des vagues de révolte Dérobe à la mer houleuse sa colère En fait une arme de reconstruction massive Un raz de marée Qui s'abat sur plusieurs contrées Déclenche la trame d'une transe épique Les horizons immenses s'enflamment Contre vents et marées la foule hargneuse rame Une odeur de brûlé se répand dans les airs Siffle le début d'une nouvelle ère Avec des transports d'allégresse Un appétit d'ogresse Des brigades fidèles à leurs serments d'allégeance Aux faux dieux Exorbités de leurs cieux Mènent la danse Parmi le charivari des tirs denses Des enfants atypiques Psalmodient des cantiques hermétiques Des centaines de morts remplissent de larges espaces Le poète fourbu semble voué à une mort lente Dans l’humiliation d'une survie coquine Qui le harcèle et le tente Dans les creux des sillons d'une écriture Qui le martèle et le taquine Par une question maligne: "De quel printemps s'agit-il?" Quand les lumières des villes s'éteignent Et leurs âmes deviennent viles Quand les philosophes/prophètes Ne tiennent plus tête aux esprits incultes A leurs destins geôliers tortionnaires Machines infernales Qui tiennent les rênes Qui les écrasent les étalent Sur la table du boucher polygame Pour la vente au prix de leur défaite Au prix du baril de pétrole Pour les enrôler dans un corps missionnaire Gais les rend l'ébriété Infect est le jour de fête Où ces érudits perdent la tête Où ils avalent leurs langues Se laissent mener par le bout du nez S'enferment dans un mutisme indéterminé Aveuglant est leur arrivisme Débordant est leur opportunisme inné Floue est leur harangue Quand ils retrouvent la parole Devant des chaînes étrangères Qui réclament pathétiquement la liberté Pour l'indigène la pègre L'Arabe le sale nègre L'Amazigh le sauvage le rapace le tigre Le musulman non-intègre Le terroriste prêt à exploser à Tel-Aviv A Gaza et ses rives Ces orateurs dont les bourses sont bien garnies Récitent sur toutes les scènes politiques Des textes sarcastiques Messagers d'une suite de printemps Qui mémorise dans un flux et reflux de sang Des instants dérobés à une Histoire apocalyptique Des peuples opprimés Non admis dans les premiers rangs Reproche aux poètes d'enterrer leurs cris rimés Dans le brouillard des légendes mythiques Savons-nous ce que ce printemps précoce nous cache? Peut-être de profondes balafres Un crucifix sur des cadavres Qui de leur linceul clandestinement se détachent Des âmes rebelles faisant de leur désespoir Un vin du terroir Qu'elles boivent à la santé de leur mémoire Où logent les déboires Les mettent au pas Trustent les temps Consument les roses ternies Les voilent par les étincelles des chaudières tubulaires Leur organisent des cérémonies mortuaires Ô printemps! La terre dans son délire Chante , entre en transe, soupire Quand tu chevauches la nuit, le rêve, le passé vestige Ivre de sang de carnage A la croisée des chemins, tu craches des nuages De fournées de miséreux sans visages Qui pénètrent dans la fournaise Pris dans un redoutable engrenage De violence de malaise Cherchent un poète qui fond dans son entourage Qui trace sur les rides de sa tristesse Sans se convertir sans mentir Sans médire sans maudire Des mots d'amour, des histoires à dire Pour guérir l'air que l'on respire D'une maladie qui perdure Un poème qui tisse les bouts de nos désirs Efface nos séquelles recoud nos blessures.
Poème extrait du recueil"Délires des ébats du dit et du non-dit" de Mohammed Hachoum
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