Je tremble quand j’entends la mélodie
Qu’entonne la voix tremblante de l’amour
Qui si facilement sonne le toujours
Et me fait oublier le gémissement d’un jadis
Je tremble quand j’entends la litanie
Que joue le clavier recouvert d’un velours
Amassant la poussière blanche du jour
Emportant avec elle les secondes infinies
Je frémis quand je vois les feuilles mortes
Trouver pour de bon leur exil
Dans les caniveaux qu’exhorte la ville
Tombeaux centenaires de ceux que l’on déporte
Je frémis quand je vois les grandes portes
D’un horizon serein loin de la passion vile
De l’humain aveugle qui ne désir que les milles
Et gémis longuement lorsque ce songe s’avorte
Je frissonne quand je sens tes mains venir à moi
Aériennes, passant comme le courant d’air
Sur ma chair en décomposition. Ô combien est éphémère !
Cette expiration qui déclenche mon délicat émoi
Je frisonne quand je sens le vent venir à moi
Aérien, passant comme ta chair
Sur mon courant d’air en décomposition. Ô combien je désespère !
Tes suffocations de la douceur de la soie
J’asphyxie quand le parfum, baume divin
De la beauté n’inonde plus mes narines
Oh combien j’aimerais que ces roses adamantines
Jamais ne fanent, mais je ne suis pas magicien
J’asphyxie quand la parole de l’humain
Pourrie sous les combles de ses cavatines
Ce sont des tombes qui ne fascinent
Que les rats d’égout et les ragondins
Je vie quand je goute le sucré soleil d’août
Qui s’abandonne sans même me saluer
A repeindre les roses sur le tabouret
Devant le piano que parfois j’écoute
Mais par-dessus tout je vis quand je goûte
Les passions à la dérive, les notes jouées
Qui donnent à la clepsydre de mon passé
Ses dernières gouttes…
M.D.
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Le triomphe de l'autosatisfaction.
Le sens des mots anesthésié par l'usage ordinaire que l'on en fait.
La perte du sens est la triste soeur de la vacuité.
Assassins de la poésie.
Elupia Byhr