LA VOIX



… Que ta voix était frêle, était pâle
lorsque si meurtrie et lasse, à se pendre,
elle permettait le dire de tous les jours, des mots futiles, mais si utiles, coiffés parfois d’une feuille de papier,
et que, perçant une bulle de rêve aux ombres effacées,
l’éclat des sentiments
éclairait mon angoisse !
… Elle n’a pu me dire ce que je ressentais, parfois, si froide et dure, qu’elle effrayait tous les mots.
… Elle frappe ma gorge, elle claque contre mes dents, elle veut dire et ne peut s’avouer. Pourquoi tant de secrets ? Veut-elle dire ce qu’elle est ? En son être ?
… elle est silence, non du jour mais de la nuit. Elle dit tout et veux tout dire.
Elle embrasse les mots en eux et pour eux.

… Ma voix était métisse, elle parlait plusieurs langues et sentait la brume ; toujours j’ai su qu’il existait des blancs dans ses couleurs, à l’allure de son ton — et si timide, sa bouche avait le goût de l’abîme, dans la lumière, avant la nuit.