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     Tranches de vie Ă  Balaguier 6
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Expéditeur Conversation
Parceval
Envoyé le :  10/6/2012 10:37
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
Envois: 3485
Tranches de vie Ă  Balaguier 6
TRANCHES DE VIE A BALAGUIER - Souvenirs 1950 -

AU PERE LOUIS

Le hameau « Le Père Louis », jouxtait les Chantiers Maritimes du Midi. Une des maisons descendait la colline en plusieurs niveaux jusqu’à la route littorale. La façade ménageait une entrée discrète sur un chai de poissons et coquillages. Puis venait en haut et en retrait un estaminet et un restaurant ouvrant sur une terrasse ombragée de platanes bien taillés avec vue imprenable sur la rade. On y accédait depuis la route par un escalier de pierre reliant les trois niveaux.
Côté mer, un ponton de bois en tau, servait de port miniature pour quatre ou cinq « pointus », barques typiques de la côte de Méditerranée. C’était la flottille d’une fratrie de pêcheurs et l’âme du Père Louis. Aux hommes l’armement, les bateaux et engins de pêche et la mission de ramener poisson et fruits de mer, aux femmes le soin de préparer, conserver et conditionner,
et de vendre…Il y avait de l’animation au retour des barques, les échanges étaient vifs, ces dames en sarreau n’avaient pas la langue dans la poche. Tout restait bon enfant, avec l’accent évidemment. Il y avait intérêt à ce que la camionnette soit passée à l’heure avec son chargement de gros pains de glace sous la toile de jute. C’était la même qui livrait à la campagne pour nos glacières.
J’aimais bien traîner par là…
Le ponton reposait sur de longs pieux de bois tanqués liés aux traverses.
De grosses planches épaisses et disjointes faisaient plancher ; la partie haute des pieux faisait office de garde-fou très intermittent, garni de vieux pneus pour amortir l’accostage. Le plancher était encombré de cordages lovés, de bâches, de nasses et de casiers, de bidons divers et de lessiveuses remplies de filets. Tout était maculé d’écailles et de petits poissons, de moules écrasées, d’algues et autres débris secs à l’odeur relevée : le parfum iodé de la mer. On me tolérait sur le ponton, comme d’autres gamins : pas trop nombreux, mais si on gênait, on nous le faisait savoir !
Il y avait plein de choses Ă  voir et entendre.
Les pointus au repos étaient fermés par les panneaux d’écoutille ; au milieu, il y avait la cabane du moteur ; couchée au bord, attachées aux dames de nage, les grandes rames ; à l’arrière, le safran relevé du gouvernail, les longues gaffes et grappins, les tridents, les flotteurs de filet avec les fanions et les rouleaux d’amarres.
Souvent les panneaux étaient relevés, le compartiment moteur ouvert, et l’homme de mer s’affairait à l’entretien mécanique. Il lançait le gros monocylindre à la manivelle : « Han, Han, Dedieu ! » . L’énorme volant se mettait en branle et poutt ! poutt ! C’était parti ; l’échappement régulier se mêlait à la pompe de cale pour rejeter fumée odorante et eau sale. D’autres fois, il était assis à l’arrière, à ravauder les filets ; j’étais épaté par sa dextérité et le jeu de la navette qui courrait de maille en maille, et pof, le nœud était fait !
Nous étions toujours très curieux et friands d’histoires : « Oh, les nistons, je vous en pose, moi des questions ? » et on avait droit à une anecdote où il était question de congres énormes qui mordaient les nautes, entre autres galéjades !
Attachés au ponton, de grands casiers grillagés contenaient les réserves de coquillages : bigorneaux, murex, qu’on appelait « bious » et aussi les esquinades
, appelées aussi chèvres ou araignées de mer, et les oursins.
Ma grande fête, c’était le retour de pêche, filets et nasses relevés. Quelquefois, j’ai eu l’insigne honneur d’attraper le « bout » à l’accostage du
pointu ! La mer m’a semblé généreuse à cette époque : dans les bacs les casiers et les filets, c’était agité et coloré. La corne d’abondance montrait les gros sars, daurades, pataclés avec leurs bagues et ocelles noires, les pageots, les saupes, anguilles, congres, mulets, girelles royales, et aussi les gros poulpes, les seiches maculées d’encre, les poissons de soupe, rascasses, saint-pierre, rouquiers et vives… Plus discrètement, il y avait quelques moules rouges prélevées on ne sait où (C’était interdit) et des « nacres », sorte de moules géantes orangées de trente à cinquante centimètres, dont la coquille fortement irisée était très recherchée, coqueluche du moment pour la décoration. Elles ont depuis complètement disparu !
J’étais saturé de bruits et d’odeurs. Il fallait se faire tout petit car chacun était à la tâche : décrocher le poisson des filets, trier, assommer les poulpes. Les cagettes pleines étaient convoyées sur des brouettes à ridelles vers le chai, de l’autre coté de la route. Après on nettoyait à grands coups de seaux d’eau, le ponton, les barques et le matériel.
Il restait bien sûr quelques poissons abîmés ou trop minus qu’on mettait dans notre sac pour le chat…

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textes protégés par copyright

vinicius
Envoyé le :  13/6/2012 19:26
Plume de platine
Inscrit le: 2/5/2006
De: Chaville (IDF) et Rio de Janeiro (Brésil)
Envois: 4822
Re: Tranches de vie Ă  Balaguier 6
Bonjour ami,
Venu juste pour m'en payer une bonne tranche...
Un régal ces souvenirs en tartines savoureuses
amitiés


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"Ce qui a le moins vieilli en moi c'est ma jeunesse"...Et il escaladait l'échelle appuyée à rien pour aller marier une girouette au vent

Parceval
Envoyé le :  31/7/2012 17:46
Plume de platine
Inscrit le: 11/4/2011
De:
Envois: 3485
Re: Tranches de vie Ă  Balaguier 6
A l'ami Vinicius
Tout l'odeur marine
Et du pĂŞcheur Marius
Le goût de la tartine

Adésias moun camin

Parceval
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