Aux alccols insoumis qui m'ont révélé mes vies antérieurs !
Aux lupanards de la rue Trafalgar !
A ces hôtesses de charme, de luxe et de lucre !
Aux ivrognes de la nuit accoudés à des comptoirs
Ruisselant d'urine !
Aux cigarettes prosti'putes qui ont collé sur mes lèvres
Leurs baisers encore licites !
Aux rêves qui ne coûtent rien : une bouffée, une gorgée, un ciel étoilé !
Aux canniveaux comme des fleuves impétueux charriant la lie et les sédiements,
Les égouts, viscères de misère, s'échinant à filtere : à qui la vie, à qui l'infâme !
Aux sourires édentés dans la vitrine du temps qui passe,
Le reflet de la jeunesse à reculons qui s'éloigne de plus en plus !
Maints souvenirs, des grains de chapelet que l'on porte à la bouche
Dans un tremblement pieux qui trahit la mort,
Aux mystères des rencontres auréolés de libre arbitre et de hasard :
C'est écrit ! crie le destin,
J'écris ! dit l'esprit,
A la faim qui dévore jusqu'à digestion De Toute Nourriture !
A la soif si peu saine soit-elle jusqu'Ã ras bord de Tout Lubie !
Aux cancers, voleurs d'apaisement, et cette morale de dignité !
Aux coeurs, épuisés, qui replient leurs ailes au crépuscule
D'une métamorphose prochaine !
Aux siestes crapuleuses sous des couettes moites d'efforts où couvent
Des lendemains prometteurs !
Aux sommeils où moutons et loups décomptent le même rebours inéluctable,
Empreint de la seule justice :
Au repos, rare mais éternel.
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