I

A mes yeux troublés s’offre un paysage étrange et brumeux, d’où émanent des refrains incessants et lointains ; je n’y distingue aucune forme, si ce n’est un donjon difforme entouré de tableaux baroques, et, à ses pieds, une kermesse flamande, silencieuse. Un plafond mystérieux recouvre le ciel : une lumière aqueuse jaillit d’une fontaine, accrochée comme un lustre étincelant à cet éther nébuleux. Je ne peux me diriger dans ce nouvel univers, puisque tout se dirige vers moi. Un palais d’ambre bleuâtre, dont les contours s’estompent dans un sfumato mystique, se dresse là ou se porte mon regard.

J’ai cherché le chemin du réveil en suivant des lanternes grisâtres qui s’effaçaient lorsque j’approchais et m’abandonnaient dans ce boulevard moderne et interminable, où le brouillard régnait en terrible despote, trompeur et éphémère.

III

Une vague lumière jaunâtre émanait d’une lampe poussiéreuse, figée sur ma table de chevet. Son halo fébrile était le dernier témoin muet du jour, estompé dans le voile obscur de la nuit, depuis plusieurs heures déjà. Mon esprit, qui gardait en sa mémoire la vision fabuleuse du roi de l’azur s’assoupissant dans une mer rubescente, songea qu’il serait tout aussi admirablement poétique d’ensommeiller les doux rayons de la lampe timide. Mais elle s’endormit aussi subitement qu’elle s’était réveillée, épuisée par sa besogne monotone. Quant à moi, je ne sais par quel artifice la somnolence m’emporta dans sa merveilleuse caravelle, et m’emmena vers des contrées inexplorées. Des millions de savanes solennelles et de fleuves mystiques, de minéraux stoïques et de montagnes philosophes s’offrirent au regard de mon cœur consolé. C’est alors que ces paysages heureux m’inspirèrent cette prière :
« Ô Rêve ! Tout-puissant seigneur de la nuit, Dieu des malheureux, ultime refuge de mon âme, fais dans ton immense mansuétude que jamais les flammes de l’Enfer de la Réalité n’atteignent ce Paradis de l’Illusion ! »

Beau rêve !!

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"si tu ne vois plus le sens de ta vie, je viendrais, je suis ton amie."

"Fais comme le caméléon en marche: regarde en avant, et en même temps, observe ceux est derrière." Stéphanie Ledoux