Le doux rêve de la prairie
Je parcours une prairie où le Divin souffle
Des rêves en blanc, colorés, où l'oiseau siffle
Sa gaité, l'arbre s'étire, tiré d'un long sommeil,
Et de petites fleurs dansent sous le soleil.
Tout respire le calme et la fraicheur de l'air
Qui embrasse les cimes des grands conifères,
Des bouleaux, des hêtres, des chênes et des ifs,
Comme l'eau aime à le faire avec les récifs.
Mon regard y cherche de l'ombre, du repos.
Un arbre n'invite à lui confier tous mes maux,
Ma lassitude. Car ne dormant que très peu
La nuit, l'âme éprise par la belle des lieux.
Comment la décrire ? Ô, c'est un ange du ciel !
De ma vie, je n'en ai jamais perçu pareil.
C'est un soleil qui vous séduit, qui vous éblouit,
Au point de voir le sommeil quitter votre lit.
Je reviens ici dans l'espoir de la revoir,
De chérir sa très douce icône à ma mémoire
Qui, éblouie, n'a retenu que sa beauté.
Cette grâce que ne possèdent que les fées.
Je pose ma tête au pied du tronc bienveillant,
Une légère brise et un rossignol au chant
Merveilleux me bercent, et m'emportent au loin.
Là où tout devient possible. Où je prends sa main.
Le temps passe. Et tel un enfant dans son couffin,
L'envie de m'éveiller au monde et à ses fins
Me plait guère. Préférant le doux rêve. Je ferme
À nouveau les yeux en espérant voir son terme :
"Quand le beau chevalier embrasse sa princesse
Avant de partir à cheval, sans laisser d'adresse,
Vers des contrées inconnues où l'amour est roi
Et la joie, reine, alors régents de nos états".
Les rayons du soleil commencent à saluer
Les créatures de l'ouest, je m'éveille léger,
M'étire et salue aussi le grand arbre aimable
Pour le repos qu'il m'a apporté, confortable.
Je reprends mon chemin. Puis d'un coup, je m'arrête
Surpris. J'ai cru mon rêve sorti de ma tête
En voyant le bel ange étendu juste derrière
Le même tronc. Ô, Dieu a exaucé mes prières !
Ô, mon Dieu, qu'elle est belle, dans sa robe à fleurs
Blanche ! Un véritable ange issu du ciel, d'ailleurs,
Dont l'image trouble mes sens. Mon cœur, ma vue.
Je rêve encore ? Je suis réveillé ? Je sais plus !
Elle se réveille enfin. Ma présence fortuite
La fait frémir, au point d'envisager la fuite.
Je lui dis "Attends ! Je ne te veux aucun mal !"
Mes yeux sondant ses yeux noirs, brillants et fatals.
Le temps semble s'être arrêté autour de nous.
Le silence prend la place du léger vent, ou
Celle du rossignol qui égaie nos journées,
Quand la flamme du cœur embrasse la forêt.
Môh Tsu
Le 21/08/2011