A la terrasse du café,
Lentement, elle se repoudrait
Quand, dans le petit miroir,
Elle vit que je l’observais ;
Ce fut un jeu et son regard
Revint de ses joues Ă son nez
Et je vis ses grands yeux noirs
Qui vers moi s’en revenaient…
Nous n’avions pas encor d’histoire,
Mais cela n’allait pas tarder…
A côté d’elle vint s’asseoir
Une autre femme, distinguée ;
Elle commandèrent un chocolat,
C’était au Café de la Paix,
Les femmes avaient en ces temps-lĂ
Tant de charme et de beauté
Avec leurs cheveux coupés courts
Et leurs airs de cinéma
Muet…
Elles parlèrent très longuement
Et son regard de temps en temps
Ne semblait pouvoir s’empêcher
De vérifier si j’étais là ;
Battant des cils, un peu troublée,
Un doigt en l’air, elle buvait son chocolat…
Quand son amie fut partie,
Je vins lui tenir compagnie,
Et l’invitai à dîner,
Un instant, elle a réfléchi
Et puis elle a accepté,
Me confiant que sa solitude
De jeune veuve éplorée
N’avait point par habitude
De la pousser Ă accepter
L’invitation d’un inconnu…
Et puis, nous nous sommes revus,
Et puis, nous nous sommes aimés,
Amants unis par le hasard,
Amants du Café de la Paix…
"Vintage"
Jacques Hiers
Texte déposé. Tous droits réservés.
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