Il est au comptoir
Avec ses yeux bleus,
Sa casquette bleue
Vissée sur sa tête,
Par la porte ouverte
De ce petit bar,
Il a le regard
Qui part et qui part
Jusqu’à la jetée
Où il voit danser
L’éternelle mer
Qui vient l’appeler
Fille d’eau, de chair
Qu’il a épousée…
Le vin blanc est frais
Juste ce qu’il faut
Pour faire oublier
Les années de trop,
LÃ Ã bourlinguer ;
Du fond du bistrot
Le marin se tait,
Il parle sans mots,
Ses gros doigts posés
Au long de l’acier
Du comptoir glacé
Où flotte sa mémoire…
Une gorgée de vin,
C’est tout une histoire,
Il se plaît à croire
Que les lendemains
Seront faits d’espoir
Et moins de chagrins ;
Bouffées d’air marin
Au creux du café,
Des relents salins
Viennent débarquer
Poissant les pensées,
Il finit son blanc,
Il vient de saluer
Doigt à la casquette,
Ceux qui toujours restent
A la terre amarrés…
Et puis, il s’en va
Tout au long du quai
Où son bateau-chien
Est là amarré,
Frétillant de joie
En grattant le quai
En longs craquements…
Jacques Hiers
Texte déposé. Tous droits réservés.
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