Téteghem village cœur désert
L’automne montre sa mine chagrine
Visages ensommeillés
Grasses matinées
Dans des lits douillets
C’est jour de cocon et de flemme
Aux confins un jardin public
Une flore faune abondante multicolore
Viornes genêts trèfles graminées églantiers
Passereaux chanteurs
Un grand lac paisible berce les colverts
Un éden abandonné de ses riverains
Une verrue devenue
Par la force des choses
La violence du monde
Et l’indifférence
On ne sait que faire de nos pauvres
Alors basta !
Des campements de fortune
Tentes bâches cabanes
Noirceur abcès dans le paysage
Sous les couvertures moisies
Des corps transis
Sous la toile des enfants
Des femmes des hommes
Ils ne sont pas bienvenus
S’éveillent
Les paupières sont lourdes
Les membres sont endoloris
L’échappée cette nuit
S’est encore enrayée.
Ce sont des maigres oiseaux
De transit
Frêles gibiers migrateurs
Venus quémander
Une vie meilleure
Un espace de liberté et de dignité
Ici et partout ailleurs
On passe son chemin
Pire on retourne en enfer
Par charter
Direction Syrie Iran Irak Afghanistan
Tâches noires et rouges sur la carte
Fraternité
On a oublié.
Egalité faut pas rêver
Au bord l’autoroute
Vers les ports puis l’Angleterre
Eldorado menteur
L’incessante colonne
Des camions s’est tue
C’est la trêve du dimanche
Nous apportons du bois
Qu’il est doux de voir briller
Une flamme dans leurs yeux
Des petites voitures pour l’enfant
Dimanche prochain
Nous n’oublierons pas la poupée
Jouer rêver malgré tout
Et un repas chaud
Une main tendue une accolade un sourire
Des mots d’humour et d’espoir
Good luck for England
Inch Allah
N’en déplaisent à ces gens favorables
A la libre circulation des biens
Mais surtout pas des personnes
Non grata.