Puisque à l’impossible, nul n’est tenu,
Une idée bizarre, un jour, m’est venue
D’utiliser des proverbes dans mon écriture
Pour les soumettre ensuite Ă votre lecture.
Les grands diseurs n’étant pas les grands faiseurs,
D’entrée, sont apparues d’importantes difficultés
D’amener à ce texte sans trop de longueur,
Un peu d’agrément pour qu’il soit accepté.
Pourtant, il y a loin de la coupe aux lèvres,
Et si c’est à l’œuvre que l’on reconnaît l’artisan,
Comme bonne histoire n’est pas toujours brève,
Il suffit de s’y atteler : l’appétit vient en mangeant.
Alors, aux grands maux les grands remèdes,
Si personne ne vient, si personne ne m’aide,
Puisque charité bien ordonnée commence par soi-même,
Je m’y mets de ce pas sans jeter d’anathème.
Si, ce que vous allez lire vous semble bizarre,
J’endosse de ce qui suit l’entière paternité
Et comme péché avoué est à demi pardonné,
Il faut rendre Ă CĂ©sar ce qui appartient Ă CĂ©sar.
Maintenant, si vous en avez toujours envie,
Comme trop de précaution nuit, place donc à la poésie.
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Entre l’arbre et l’écorce, il ne faut pas mettre le doigt,
Si tu n’y crois pas, dans le doute abstiens-toi,
Car intervenir dans une dispute avec des proches
Entraîne bien souvent de sortir les mains des poches.
Là où nécessité fait loi, le mieux est l’observation,
Inutile dorénavant d’aller chercher des gnons.
Donc, tout vient Ă point Ă qui sait attendre,
Mais attention, inutile d’aller se faire prendre
Car quand il y a loin de la coupe aux lèvres,
Ne dit-on pas que les moutons ne sont pas des chèvres !
Alors, si la faim chasse le loup hors des bois,
Fais ce que dois, advienne que pourra,
Il ne faut jurer de rien, Ă quelque chose malheur est bon,
Ce n’est pas une règle, l’air ne fait pas la chanson.
Seulement voilĂ , tel est pris qui croyait prendre
Ca devient compliqué, je me suis fait surprendre,
Et comme à cœur vaillant, rien n’est impossible,
Je me remets à l’ouvrage, sans en faire une bible,
En partant de l’adage qui m’oblige à continuer,
Il ne faut jamais jeter le manche après la cognée.
Chose promise, chose due, je l’ai ambitionné,
Seulement je suis là , la plume dans l’encrier,
Souffrant de ne trouver un début à ma requête,
Les grandes douleurs sont toujours muettes.
Toutefois, quand le vin est tiré, il faut le boire,
L’abondance de biens ne nuit pas, on doit le croire,
Je le consomme donc, l’occasion fait le larron,
Qu’il soit rouge ou gris, du moment qu’il est bon.
Cependant, ayant trop apprécié du divin nectar,
Je cherche à m’arrêter, hélas il est trop tard,
Je pars en délire sans avoir médité
Que défiance est mère de sûreté.
Je constate qu’il n’y a que le premier pas qui coûte,
En l’occurrence ici, c’est la première goutte,
Et comme bien mal acquis ne profite jamais,
A quelque chose malheur est bon : J’en fais les frais.
Vraiment, si l’enfer est pavé de bonnes intentions,
Je l’ai sur l’estomac comme une punition,
Quand on dit que l’habitude est une seconde nature,
Œil pour œil, dent pour dent, j’en paie la facture.
Après tout, quand même, ce n’est pas la mer à boire
MĂŞme si les hypocrites me plaignent de ce malheur,
Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir,
Que les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Alors, si je perçois le doute dans leurs yeux,
Comme un homme averti en vaut deux,
Parce que toute vérité n’est pas bonne à dire,
J’éconduis les gêneurs et les vois déguerpir.
Qui a bu, boira ! Ma participation en est Ă sa lie,
De ce chapitre enivrant, cette fois c’est fini.
Quand on dit que de la discussion jaillit la lumière
Bien que comparaison ne soit pas raison,
DĂ©shabiller saint Paul pour habiller saint Pierre,
C’est comme Noël au balcon et Pâques aux tisons.
Quand de deux maux, il faut choisir le moindre,
Je préfère celui qui s’arrête de geindre.
Vous trouvez que c’est long ! Il est possible que je lasse,
Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse,
C’est la faute des proverbes devenus trop ciblés,
De les incorporer est si fortement malaisé,
Quand faute de grives on mange des merles,
En l’absence de diamants on se pare de perles.
Une fois n’est pas coutume, qui ne risque rien n’a rien,
Mais si je réussis, tout est bien qui finit bien,
NĂ©anmoins, il ne faut pas se tromper,
Un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès,
De la condamnation découle la sentence,
Et si vouloir c’est pouvoir, j’implore votre indulgence.
C’est au pied du mur que l’on voit le maçon,
Si c’est en forgeant qu’on devient forgeron,
La plus belle fille ne peut donner que ce qu’elle a,
En ce qui me concerne, je suis dans son cas,
Non, pour me prendre pour le plus beau du monde
Mais pour dérouler ma prose comme ru de son onde.
Quand les petits ruisseaux font les grandes rivières,
Il n’est pire eau que l’eau qui dort,
J’ai beau fouiller, remuer la terre entière,
Je n’ai jamais réussi à découvrir des trésors.
Là où l’argent est bon serviteur et mauvais maître,
A tout seigneur tout honneur, je voudrais bien connaître
Celui qui prétend que l’argent n’a pas d’odeur
Quand on sait que sans argent il n’y a pas de valeur !
Alors, quand l’oisiveté est mère de tous les vices,
Quand la paresse est proche de l’avarice,
Pourquoi dit-on que la fortune vient en dormant
Quand on prétend que le temps, c’est de l’argent.
Nul n’est prophète en son pays, c’est bien connu,
Si à autres temps, autres mœurs, cela est apparu,
Quand la fin justifie les moyens là où pauvreté n’est pas vice,
Qui peut le plus, peut le moins, on ne prête qu’aux riches.
Qui veut la fin veut les moyens, mieux vaut tard que jamais,
Mais lorsque le mieux est l’ennemi du bien, désormais
Contentement passe richesse, le jeu ne vaut pas la chandelle,
Il vaut mieux tenir que courir après Machiavel.
Si l’habit ne fait pas le moine, l’intention vaut le fait,
Je persiste, négligeant que prudence est mère de sûreté,
Car si des proverbes il en existe encore à satiété,
Des goûts et des couleurs il ne faut pas disputer.
Quand tous les goûts sont dans la nature,
Cela me permet d’être un tantinet immature,
De ce fait, quoi que tu dises, quoi que tu fasses,
Lorsque les chiens aboient, la caravane passe,
Et quand, qui veut aller loin ménage sa monture,
Au contraire, entêté, je maintiens ma littérature.
Mais il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs,
Insister bêtement n’est pas toujours heureux,
On ne peut dire que le soleil luit pour tout le monde,
Quand la moitié de notre globe est dans la pénombre !
Lorsque les jours se suivent et ne se ressemblent pas,
Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.
Il faut bien que jeunesse se passe,
Il n’y a point de fumée sans feu, hélas,
Pourtant il faut battre le fer pendant qu’il est chaud,
Sans dire : Fontaine je ne boirais pas de ton eau.
Mais voilĂ , une hirondelle ne fait pas le printemps,
Ventre affamé n’a pas d’oreilles, c’est évident,
Quand l’exception confirme la règle, c’est pour un jour
Espérer être heureux au jeu, malheureux en amour.
C’est ici que cœur qui soupire n’a pas ce qu’il désire,
Là où toute peine mérite salaire, il y a pire,
Bon sang ne saurait mentir, c’est une vérité
Aussi éclatante que nudité est sœur de pureté.
Alors, lorsqu’on te dit : Ne fais pas à autrui
Ce que tu ne voudrais pas qu’on te fit,
A moins d’être maso et de n’avoir pas de tête,
Écartes-toi de celui qui sème le vent, récolte la tempête.
Parfois, il vaut mieux bien faire et laisser dire,
LĂ oĂą, qui ne dit rien consent, ne peut y souscrire,
Au royaume des aveugles les borgnes sont rois,
Même si deux avis valent mieux qu’un, quelquefois.
C’est maintenant qu’on reconnaît l’arbre à ses fruits,
C’est le plus discret qui progresse sans bruit,
Étant donné que lorsqu’on fait beaucoup de bruit pour rien,
De la meute Ă©merge toujours le plus mauvais chien.
Quand il est dit, qui trop embrasse mal Ă©treint,
Il vaut mieux avoir à faire à Dieu qu’à ses saints,
Et tel qu’on connaît ses saints, on les honore,
Mais à trop s’incliner nécessite un garde-corps.
Donc, chacun pour soi et Dieu pour tous,
Car pierre qui roule n’amasse pas mousse,
Et comme on fait son lit on se couche,
Sincérité ne sort pas toujours de la bouche.
Quand les cordonniers sont les plus mal chaussés,
Dis-moi qui tu hantes, je te dirais qui tu es,
Parce que si les loups ne se mangent pas entre eux,
Qui aime bien, châtie bien, c’est encore heureux.
Trop souvent il n’y a que la vérité qui blesse,
Loin des yeux, loin du cœur, cela m’agresse,
Toutefois quand les murs ont des oreilles,
Le silence vaut, point de nouvelles, bonnes nouvelles.
Qui vole un œuf vole un bœuf, allègue t’on,
L’allégorie mérite céans notre attention
Quand Colomb évoluait librement grâce à un œuf,
Dans cet exercice, j’ahane et sue comme un bœuf.
S’il en est ainsi, à chaque jour suffit sa peine,
Ma muse s’évapore comme parfum de verveine,
Pour moi c’est donc fini, autant en emporte le vent,
Je n’ai plus d’idée quand petite pluie abat grand vent.
Tout n’a pas été parfait mais ce serait navrant,
A l’instant où est morte la bête, mort son venin,
Vous ne reteniez quand vous arrivez Ă la fin,
Que ceci : La caque sent toujours le hareng.
Accordez quand même votre pardon à l’auteur,
Sa tartine manque d’un peu de beurre.
Chibani
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125 proverbes maintenus dans leur précision
Sont introduits dans ce texte sans façon,
Si cela vous a diverti, essayez de les retrouver
Parmi plusieurs autres, que j’ai inventé.
Si vous y avez vu un réel amusement,
Essayez Ă votre tour, il en reste encore autant.