Eveil, amour, beauté, tout est prêt au matin.
Emouvant souvenir de sa peau de satin...
Lève toi! C'est ton droit, ton modèle t'attend,
De son berceau d'orient il monte, prend son temps.
Une brise suave a poussé les nuées.
Au delà des coteaux elles se sont ruées,
Pour disparaître enfin dans un vallon lointain.
Promesse de chaleur dans les senteurs de thym.
Un sentier, un ruisseau et le rire moqueur
D'une pie en habit refondent mon humeur.
J'éprouve tant d'amour et de reconnaissance
Pour l'instant accordé d'un jour à sa naissance.
Rien n'égale à vrai dire cette unique émotion
Unité d’absolu, infini d’attention;
Peut-être seulement d'un enfant la venue,
Ou encore une femme au plaisir parvenue.
Ci-gît la différence entre Diane et Vénus:
L'une des deux, ma foi, m'en demandera plus,
Quand l'autre s'est donnée et n'a besoin de rien.
Merveilleux éperviers au ballet aérien.
Et j'entends le silence à peine dérangé
Par la rumeur au loin de l'avoine engrangée.
Les grillons se sont tus et l'astre à son zénith
Brûle de tout son feu. Il est temps qu'on se quitte.
Par les monts et les vaux, par delà l'horizon,
L'aventure éternelle et l'amour sans raison
M'ont dirigé vers toi, belle planète bleue.
Tu m'as touché au cœur, je reviendrai, parbleu!
Erehwon
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Un tien est une illusion mais vaut peut-être mieux
que le vain Tu aurais pu l'avoir!