Allongé dans le train, l'ombre bordant mes yeux
J'en écoute la marche, dans la ville et la nuit,
Et par le carreau sale, j'observe silencieux
Les lumières qui filent et les toits qu'on oublie.
Près de moi, une femme. Inconnue, elle joue
Un air au violon, triste et beau, gémissant.
Et dans la vitre, je vois, la pâleur de mes joues
Et la vie qui me fuis, et m'échappe, calmement.
D'où suis-je donc parti? De quels bras? Dans quel lit?
Et vers quel morne monde, plus fragile et plus sombre
Cette triste machine, file-t-elle sans bruit?
L'archer sur les cordes, dans le couloir les ombres.
Mais enfin dans le noir, comme la nuit avance
La ville, autour, s'éteint, la vie quitte les rues.
Quelle douce folie saisit ainsi mes sens?
Les lueurs sont aveugles, le violon s'est tu.
Serais-je donc trompé, par un espoir infâme?
Mes yeux ne veulent y croire. Est-ce ainsi qu'est la mort?
Bien loin de quelque Éden, ou des marées de flammes
Le calme et le silence, comme uniques trésors.
Une douce berceuse, fait taire ma douleur
Et efface le monde, tel un peintre maudit
Qui de son pinceau noir enferme les couleurs
Trop blafardes et trop tristes, maîtresses de l'Ennui.
Dans la sombre voiture, je dors, apaisé...
Une rumeur, pourtant. Inquiétante et basse.
C'est le grondement sourd d'un orchestre entravé
Qui au bout de la voie, sur le quai noir, prend place.
Les premiers grincements, des cordes nait la Peine.
La pulsation est lourde, rappelant ma Tristesse,
Et frappe, lente, méthodique. Les voix chantent la Haine.
Les vents se glissent, sournois, sifflent leurs tristes messes.
La bête ralentit, et s'arrête. J'ai atteint
L'enfer gris de ce monde. Dehors, il pleut, je crois.
Je me lève, abattu. L'Ennui m'attend, serein,
Et comme un vieil ami, tend sa main, dans le froid...
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