Le jour, devenu bleu, promène un encensoir
Pour tapisser le ciel de volutes d’ivoire.
Le jour, devenu vieux, avec un grand racloir
Rassemble du ciel les brindilles de soir ...
Un archet de lumière soulève des chœurs intenses,
D’or et de pourpre. L’astre flamboyant danse
Voluptueux. L’infini roule et s’embrase
Où les ombres passent en robe de gaze.
La voûte immense craque et se consume
Et l’azur ruisselle, emportant des tisons.
Des flaques d’air mauve vont napper le vallon.
Vaisseau fantôme, le couchant s’enfonce en brume.
Une dernière vocalise et le vent s’enlise …
Déjà ! … La nuit vit et entoure le clocher
Où un peu de carmin est resté accroché,
Feu follet badinant l’ancienne église.
Les aiguilles du grand pin ont crocheté les cieux
Et couvert de mantilles les rameaux silencieux.
A la cime, dispersés, les plus doux foncés
Récitent le noir sur des tons cadencés.
Dans le grand lac d’une paix nocturne,
Où les bruits sombrent sans ricocher,
La corde glorieuse d' un rayon de lune
Faufile une étoile en fleur de rocher
Alors, mes yeux, comme deux gros coquillages
Où mon âme s’est repliée,
S’accrochent aux vagabonds rivages
Jaillis de rêves éparpillés….
(texte protégé par copyright numéro 00050009-1)
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