Tout d’abord, ce n’est rien
Qu’un rêve qu’on espère.
Rien qu’un point qui devient
Un grain qui s’agglomère.
Peu à peu se précise
Une forme qui nait
Du néant qui se brise,
Où l’ombre se défait.
Un tout qui se boursoufle,
Qui grandit et qui gonfle
A vous couper le souffle.
Un horizon qui enfle
Jusqu’à la démesure,
Au-delà de l’éther!
Et qui se transfigure
Recréant l’univers
Devenu trop étroit.
Se dépassant encor
Soulevant les émois,
Enfin il devient corps!
Déjà il s’impatiente
En regardant les cieux
Son avenir le hante,
Et s’il devenait Dieu?
Tout à coup il s’arrête,
Il hésite, il recule,
Il vacille et s’inquiète,
A la fin, il bascule,
Retrouve la mesure,
Désenflé, rétrécis,
Il fait pâle figure,
S’effondre se transforme
En plis et en replis
Puis se recroqueville.
La forme se déforme,
Eclate, s’éparpille
En multitude informe.
Il n’en reste qu’un grain
Qui s’amenuise au point
De n’être plus qu’un point,
De ne plus être rien
S.C
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Boileau