Dans une ville comme Agadir, qui a misé sur le tourisme pour son développement et sa prospérité socio-économiques, nous voyons, chaque jour que Dieu fait, des «phénomènes» inconnus jadis et devenus banals avec le temps. Le citoyen peut les tolérer, les rejeter, les ignorer, les supporter mais il demeure incapable de les combattre ou d'y mettre fin. L'un de ces fléaux n'est autre que la prostitution.
Vous me direz que c'est un problème vieux comme le monde et que ça existe partout et que ça a déjà fait couler beaucoup d'encre et que... Je sais, mais dans notre ville, ça devient une vraie psychose collective puisque ça dérange sérieusement des quartiers entiers où les maisons closes poussent chaque jour comme de mauvaises herbes causant des insomnies aux voisins qui ont droit au respect et à la paix et qui veulent une bonne éducation pour leur progéniture.
Voici l'histoire d'un citoyen Gadiri qui n'en peut plus :
«Je suis enseignant. Mon premier souci était de posséder ma propre maison pour fuir le glaive du loyer, J'ai opté pour «Hay Charaf» car il n'était pas loin du centre ville et semblait tranquille et serein. Cela m'a coûté les yeux de la tête et quelques cheveux blancs mais j'ai réussi à l'avoir, ma petite maison douillette avec son petit jardin où j'ai planté un bananier, un oranger et quatre rosiers. Sur les bords, j'ai planté du basilic pour chasser les moustiques et du henné pour ne pas oublier le verger de mes origines paysannes.
J'ai aussi construit une deuxième chambre au premier pour mes petits qui n'ont pas tardé à venir s'ajouter à la cacophonie des terriens...
Je menais une vie normale avec ses hauts et ses bas comme tout le monde. Hélas, ces dernières années, ma vie s’est métamorphosée en enfer : «Hay Charaf» est devenu invivable pour les honnêtes gens. On y voit chaque jour des horreurs et des obscénités nauséabondes. Plusieurs maisons de notre paisible quartier se sont transformées en lupanars où l'on pratique la prostitution au vu et au su de tous les Gadiris. Les affaires des proxénètes proliférant à une vitesse vertigineuse. Ils ont fait fortune en vendant de la chair humaine, féminine et masculine. D'autres louent leurs maisons meublées à des prix exorbitants et vont passer leurs vacances sous d'autres cieux, sachant très bien que ces locataires de quelques jours vont faire la fête toutes les nuits sans se soucier des voisins.
Et oui ! Charafa a perdu son «charaf» le jour où le premier étranger est venu y passer du bon temps... Maintenant, on en voit de toutes les couleurs et de toutes les races : les Européens, les Américains, les Asiatiques et nos frères qui ont le privilège de jeter le dollar du pétrole par la fenêtre ! On est prêt à satisfaire tous leurs désirs qui sont des ordres. On ne leur refuse rien et on leur «fait» tout ! Leurs orgies, leurs soirées dansantes, leur tapage nocturne nous font passer des nuits blanches : Quand le whisky et le hachisch font leur effet, ils réveillent tous les vices et tout devient permis ; on crie des obscénités dans la nuit, on met les chaînes CD à fond, on se dispute, on se tape dessus et on fait de petits scandales qui ne font de mal à personne ! Cela nous cause seulement des insomnies et des maux de tête incurables en dépit des tonnes de somnifères capables d'endormir un éléphant africain !
A force d'avaler ces gélules, je deviendrai sûrement toxicomane. Je ne dors plus ! Tout ce que je veux, c'est dormir, avoir la paix, un peu de silence, un peu de respect pour les gens qui travaillent le jour et doivent se reposer la nuit ! Qu'ils fassent leurs «cochonneries» en silence et qu'ils nous foutent la paix, une fois pour toutes ! On en a marre à la fin !!
Je ne peux plus vivre normalement dans ce quartier/lupanar.
Je veux éduquer mes enfants dans un milieu sain et respectable. Que dois-je faire ? Vendre ma maison et déguerpir lâchement ?»
Que conseillez-vous à cet homme qui a eu la mauvaise idée d'acheter une maison dans un quartier où l'on ne dort plus ? Moi, je lui ai dit:«Change de métier, mon vieux ! Tu pourrais faire gardien de nuit !».
----------------
Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
...............................................................................................
Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!
