Au temps des premiers bains de mer
On voit, sur les photos jaunies
Scènes étranges, rêves éphémères
Les doux reflets d'une autre vie
Pour préserver leur teint si blanc
Les jolies dames en dentelles
Sont assises sur un pliant
Bien à l'abri sous leur ombrelle
Sanglés dans leurs sombres costumes
Les hommes arborent un chapeau
Montre au gousset, c'est la coutume
Et ne s'approchent pas de l'eau
Les nurses, toutes de blanc vêtues
Avec aux bras de beaux bébés
Portant bonnets, robes menues
Près des landaus sont assemblées
Les plus grands, tout endimanchés
Ont amené pelles et cerceaux
Petits marins au front penché
Construisent les plus beaux châteaux
Sur les barques, les dames de nage
Tiennent les rames avancées
Les bateaux, qui partent en voyage
Dans leurs remous les font danser
Les chevaux traînent des cabines
Qui s'aventurent dans les flots
Où, discrètes, quelques ondines
Se baignent en d'austères maillots
A l'extrémité de la plage
Ils jouent, les enfants des pêcheurs
Et regardent ces équipages
Un petit pincement au coeur
Quand se taisent les cris, les rires
La mer, en belle souveraine
Veille à nouveau sur son empire
Ignorant les joies et les peines
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Ouvrez l'oreille, chaque mot possède un coeur qui bouge. (Nimier)