Nous ne sèmerons plus nos parfums aimés,
la nuit comme un berger survole nos silences,
les étoiles sont pétales de fleurs d'insolence,
notre pays pleure des plaintes de fumée...
L'automne a froissé nos soirées de cristal,
nos souvenirs rangés en nos cœurs fragiles,
la douceur de l'air nous suit d'un pas gracile,
dispersant nos larmes aux peurs qui s'étalent...
Doucement dans l'ombre notre terre s'efface,
retentit dans le ciel la voix de nos espoirs,
bouclier de nos âmes au son du découpoir,
qui tombe sur le peuple que la mort menace...
Et nos vies éperdues peureusement s'enlacent,
embrassent leurs pensées au rythme des forêts,
des collines des rivières et des sombres marais,
Tout notre amour figé au fond de nos besaces...
En nos mains une ligne parlait tout bas d'exil,
d'horizons noirs têtus assoiffés de tombeaux,
de soleil escorté par la ronde des corbeaux,
nous n'entendions que l'or que verse notre idylle...
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La poésie est à la fois une cachette et un haut-parleur...Nadine Gordimer,Afrique du sud 1923