Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
182 utilisateur(s) en ligne (dont 157 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 2
Invité(s): 180

Sybilla, luzdelsol, plus...
Choisissez
no title
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Contes et nouvelles (seuls les textes personnels sont admis)
     Le paradis vĂ©nitien ( au quattrocento en Italie)
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
OLUCINEP
Envoyé le :  18/4/2012 20:38
Plume d'or
Inscrit le: 1/4/2010
De: France Centre
Envois: 1007
Le paradis vénitien ( au quattrocento en Italie)
Le paradis vénitien ( au quattrocento en Italie)


Livia était allée pour une réunion de famille jusqu’à Venise.
Elle habitait Gênes et avait été surprise par cette ville d’art où on ne circulait qu’à pieds, en bateau ou mieux en gondole.

La marche lui déplaisait car Livia, belle femme, souffrait d’une tare rare mais gâchant définitivement sa superbe féminité ; elle avait un pied-bot.

Un parent lointain, mais dont elle se trouvait être la plus proche héritière, avait eu l’excellente idée de mourir en lui léguant une fortune non négligeable ainsi que des meubles et une maison assez mal placée dans Venise car sise du mauvais coté de la Dogana.

Elle ne pouvait faire transporter tout cela à Gênes, elle vendit donc la maison et les meubles aux enchères et arrondit ainsi sa fortune avant de rentrer chez elle.

Au XVème siècle, Gênes était en pleine gloire ; c’était le centre d’un empire maritime, en méditerranée et en mer noire, concurrençant directement Venise.

Dans une rue non loin du port, Livia acheta une taverne qu’elle aménagea en hôtel pour les marins un peu fortunés et qu’elle appela en raison de l’origine de sa richesse « le paradis vénitien »
Un de ses cousins, Enzo, sorte de colosse de foire, plieur de barre de fer et lutteur, s’occupa de limiter l’ivrognerie dans la partie de la taverne réservée aux buveurs.

Luigi, fidèle amant de Livia qui l’aimait sincèrement, s’occupa de la partie restauration et boissons avec des cuisiniers venant de Milan.

Quant à Livia, superbe, trônant derrière un comptoir d’acajou qui bien évidemment dissimulait son seul défaut, elle s’occupait des trente six chambres : seize donnant coté du port vingt ayant un accès par derrière dans une large cour ou deux voitures pouvaient entrer de front.

Une grande partie des chambres ne se louait que rarement et Livia eut une idée, inspirée de certaines officines particulières de Venise.

Elle choisirait dans sa clientèle de marins et de voyageurs, des hommes beaux assez jeunes, robustes et sains, qui après un entretien avec elle et quelques soins de toilettes dans une pièce de bain, coiffés, rasés, manucurés, deviendraient des gentilshommes susceptibles d’être présenté à des dames de qualité.

Voulant se venger de son mauvais destin, elle décida que les femmes qui pourraient rencontrer ces mâles choisis auraient toutes un défaut de corps leur conservant leurs aptitudes à l’amour mais décourageant les amants au jour.

Les rencontres se feraient dans la pénombre et les dames qui le souhaiteraient porteraient des masques de Venise impersonnels, neutres et blancs de préférence.

Rapidement les vingt chambres les plus discrètes furent occupées, puis très occupées à l’exception du dimanche.

Plus de cent dames de gênes fréquentaient l’arrière taverne et par sélection progressive Livia s’était faite une réserve d’environ quatre vingt fournisseurs de dames, fort convenables.

Les chambres étaient payées deux fois, par les dames d’abord qui réservaient, puis par les messieurs.
Les messieurs pouvaient offrir ou recevoir des cadeaux mais cela Livia voulait l’ignorer.
Les bains, les barbiers, les manucures, les repas et collations rapportaient aussi à Livia qui augmenta sa prospérité rapidement.

Puis vint Efigenia qui voulut, par l’entremise de Livia, connaitre tout les enjôlements et fééries du corps.

Aux dires des rares personnes, médecins, couturières, masseuses, qui l’avaient vue nue, elle était, les yeux fermés, la plus belle femme d’Italie.
Les yeux fermés, car hélas elle était atteinte d’un strabisme divergent tel que quand son œil droit vous regardait en étant au milieu de l’orbite, le gauche ne montrait pratiquement que du blanc tant il était tourné vers la gauche.

Elle utilisait habituellement un face-Ă -main dissimulant son Ĺ“il gauche par un verre opaque.

Livia accepta de lui trouver des amants qui progressivement apprirent à la belle, dans la pénombre et avec son masque ne laissant voir qu’un œil ; tout ce qu’il y avait à savoir de l’art des corps épuisés de satisfaction.

Puis vint un Vénitien, parent du doge à ce qu’il disait, qui voulut la plus grande beauté d’Italie ; les bruits courant plus vite dans les tavernes que dans les gazettes de l’époque, il avait entendu parler d’Efigenia.
Livia organisa cette rencontre ayant prévenu, en raison de l’origine noble du grand marin, tant le prétendant que la désirée, de leurs défauts respectifs

Dionéo, c’était son nom, aimait l’amour en tant qu’art esthétique, accomplissement du corps, honneurs à rendre aux dames et démonstrations de la mâle puissance .
Son précepteur, subtil, l’avait, très jeune, emmené voir la maîtrise de ces choses chez les courtisanes de Venise qui l’avaient ensuite formé avec plaisir car il était beau, galant et ce qui ne gâtait rien riche.
Mais hélas étant effroyablement bègue il parlait peu et se servait d’une petite écritoire pour dire les choses compliquées en les écrivant.

Efigenia reçut Dionéo le premier lundi de mars en début d’après midi.
Il Ă©tait deux heures au soleil.
Ils ressortirent ensemble de l’appartement six jours plus tard et embarquèrent dans le bateau de Dionéo qui quitta Gênes toutes voiles dehors.
Il parait que la première nuit on entendit Efigenia dire des choses étranges :
Oh ! Non. Quelle folie, Cessez, oh non ! Continuez,
Mais vous n’oserez pas. Que c’est abominable,
C’est un horrible péché.
Mais aussi :
Vous me brulez le corps, encore, plus fort,
Je vous prie galopez, de grâce attendez,
Oui venez,
Doux amant le pourriez vous Ă  nouveau.
Tout n’avait pas été entendu et relevé mais il était évident qu’une sorte d’accord irréel s’était fait entre ces deus corps-là et même, ces deux êtres particuliers.

Cinq nuit et six jours de joutes amoureuses entrecoupées de repos et de sommeils, de supplications, d’exaucements, de cris de bonheur, d’envies nouvelles , et même des prières de Dionéo demandant qu’Efigenia achève de le tuer de plaisir .
Des murmures de la belle disant à son amant qu’elle consentait à tout autant qu’il le voudrait pourvu quelle puisse lui rendre les plaisirs qu’elle recevait.

On retrouva écrit un billet de Dionéo qui s’était refusé à bégayer ses plus douces déclarations.
"Je suis l’esclave de votre cœur vous êtes le corps de mon corps voulez vous partir avec moi sur mon bateau et naviguer jusqu’à la fin de nos jours ensemble nos défauts inconnus du monde et ignorés de nous.
Je vous aime et je veux mourir en vous aimant encore."
On ignora ce que répondit Ifigénia mais elle partit avec son beau et noble marin.

On sut que leur bateau parcourait la mer ligurienne, la méditerranée, on les vit en Sicile, en Sardaigne, dans les iles hispaniques les années s’écoulaient sans que le bonheur ne les quittât.

Mais les nefs génoises portent malheur Comme la nef génoise qui avait involontairement apportée la peste noire de Crimée en 1348,
Leur nef trouva dans une île (une des îles Pélagie ou une des petites îles de Malte) une pestilence qui éteignit peu à peu le souffle d’Efigenia cent vint ans après la peste en 1468 elle mourut disant "je meurs de ne plus pouvoir t’aimer".

Dioneo fit voile sur Venise ; en vue de la lagune il fit venir son second
Et lui montrant un coffret d’argent il lui dit : dans ce coffret il y a le cœur d’Efigenia ; quand je serai mort tu m’ouvriras la poitrine et tu mettras son cœur contre le mien puis tu enterreras nos corps face à face.
Il fit mettre à l’ancre, la nef près de l’ile de San Michele , cimetière de Venise .
Il dit a son second vient dans ma cabine faire ce que je t’ai dit quand tu entendras sonner deux heures.

Il descendit se coucha et au premier coup des heures il dit : l’amour doit tuer la mort, Efigenia je viens, et il planta sa dague dans sa poitrine de toutes ses forces.

Ils furent enterrés au cimetière évangélique, par erreur, avec simplement leurs prénoms gravés sur le marbre.

Les inquisiteurs de Venise, magistrature d’état, comprenant l’inquisiteur rouge et les deux inquisiteurs noirs, créée en 1539 eurent vent de leur histoire qui avait été écrite par un génois.
Ils voulurent les déterrer pour les brûler mais on ne les chercha que dans le cimetière catholique et les amoureux de Venise firent courir le bruit qu’ils étaient enterrés à Malte.

Honore
Envoyé le :  21/4/2012 11:22
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Le paradis vénitien ( au quattrocento en Italie)
Merci de m'avoir permis de connaitre cette Ă©trange et savoureuse histoire.
HONORE
hervegosse
Envoyé le :  27/4/2012 19:32
Plume de soie
Inscrit le: 20/8/2011
De: PARIS
Envois: 173
Re: Le paradis vénitien ( au quattrocento en Italie)
Superbissime. Bravissimo.

Hervé


----------------

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster