Hier, j’ai reçu un de ces écrits,
Dont on ne se passe plus aujourd’hui,
Message Ă©lectronique,
Souvent un peu trop synthétique.
Et puis, j’ai lu non sans surprise,
J’ai même pensé à une méprise,
Tant le dedans Ă©tait bĂŞtise,
Qu’il commençait par un grand Chère,
Encore un peu de surenchère !
Et m’est venue cette question :
Le pensons-nous vraiment au fond,
Lorsque ce mot nous Ă©crivons ?
Que mettons nous vraiment derrière
Ces quelques lettres qui font cher,
Ou sont trop chères,
Qu’on unit à tort et à travers ?
Est-ce cher : tu me coûtes tellement,
Ou, un jour je compterais ton argent,
Ou je t’aime tout simplement,
Est-ce tu es cher Ă ma chair,
Ou juste que ce mot te rend fier ?
Un mot pour gommer l’ordinaire
De ces formules un peu primaires,
Mademoiselle, Madame ou monsieur,
Parce qu’on ne trouve rien de mieux,
Et que le cher donne Ă passer
Le message que l’on veut porter,
Il ferait même presqu’oublier
La dureté qui est annoncée.
Et puis imaginez un peu,
Une lettre commençant par Mon Vieux,
Au lieu de Cher Monsieur !
Ou bien Mon Aimée Dame
A la place de Chère Madame !
Simple formule de courtoisie,
Bien trop souvent d’hypocrisie…
On devrait laver les coutumes,
Il y aurait moins d’amertume,
Lorsque ceux qui se croyaient chers
Se rendent compte qu’ils ne comptent guère…
Alors, lorsque vous recevrez
De ces missives bien présentées,
Si elles débutent par un Cher,
Relisez donc ces quelques vers !
Bords de Scènes.2010
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Françoise Pédel Picard