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     Le sud profond...
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Expéditeur Conversation
Mr_Guyguy
Envoyé le :  23/5/2021 1:03
Plume d'or
Inscrit le: 9/6/2009
De: Rouen, Mornes des esses et Casablanca
Envois: 1348
Le sud profond...
Dimanche 15 septembre 1963, Brownswood village, en Caroline du sud, aux États-Unis. Je me présente William J. Wright Jr., né le 24 août 1946 à Brownswood village, je suis le fils de William J. Wright Sr et Marta Graham Wright, je suis leur unique enfant. J'étais blond, j'avais les yeux bleus, une petite cicatrice au menton et une tête de premier de la classe. J'étais plutôt mince, mais je savais me défendre, j'étais un petit produit du sud. Comme tous les dimanches je me rends avec mes parents à l'église baptiste afin d'assister au culte. Nous nous plaçons toujours devant à gauche de l'assemblée.

Nous avons entonné des cantiques (Amazing grace, Lord I lift your name on high et Victory in Jesus) afin de louer notre Dieu. Un frère de l'assemblée pria pour nous remettre dans les mains de Dieu. Le pasteur Henry Scott, prit la Bible et nous indiqua les passages à lire et fit son sermon sur l'amour entre l'homme et la femme. Les deux êtres se doivent un respect mutuel, s'aimer, la femme doit être soumise à son époux comme l'église l'est envers notre Seigneur. Il précisa que le Christ s'étant donné pour l'église, l'homme doit porter son épouse. L'un doit élever l'autre, et inversement. Il finit par une prière, comme à mon habitude j'allais à la fin du culte, échanger avec le pasteur. Je lui demandai ce qu'il pensait de ce qu'il se passait avec les personnes de couleur dans notre nation. Il me répondit « Le Seigneur a mis chacun à sa place, je ne comprends pas pourquoi ces gens veulent changer l'ordre établi ». Sa réponse me troublait, ne nous sommes pas censé aimer notre prochain. La réponse du pasteur Scott ne m'a convaincu pas...

Je rentrai avec mes parents à la maison, nous habitons au 7 Musgrove street, John island, SC 29455, c'est un petit logement que mes parents avaient hérité de mes grands-parents paternels. J'allume la télévision, j'aime bien regarder le journal en rentrant de l'église. Le journal commence par un breaking news, le présentateur annonce qu'un attentat terroriste a eu lieu à Birmingham en Alabama contre une église baptiste fréquentée par des personnes de couleur. Quatre jeunes filles sont mortes et vingt-deux personnes ont été blessées. Pour la première fois, moi, Will Wright Jr., jeune blanc du sud, j'étais consterné par l'état d'esprit de certains de mes concitoyens blancs. Mes parents m'ont éduqué dans le respect des autres, nous étions différents des autres habitants de notre ville. Ma mère, m'appela afin que nous puissions manger en famille. Je m'installais autour de la table. Mon père me demanda quelles étaient les nouvelles du jour. Je lui répondis, « Il y a eu un attentat en Alabama, à Birmingham, quatre petites filles noires ont été tuées. C'est triste tout ça ». Mon père baissa la tête et me dit « C'est une situation délicate Will, des hommes pensent faire des choses qui leur semblent être bonnes, mais parfois cela se fait au détriment des autres... ». Je compris que mon père était également attristé par la situation, ma mère ne s'exprimait pas mais en général, elle soutenait mon père.

Finissant mon repas, un « Chicken bog » préparé avec amour par ma mère, un plat bien de chez nous, que j'appréciais énormément, j'allais lire quelques passages de ma Bible, avant d'aller couper du bois avec mon père comme tous les dimanches. Je méditais, j'essayais de comprendre d'où venaient certaines pensées de certains « chrétiens racistes ». Je coupe du bois avec mon père, nous y passons deux heures. Cela me permet de réfléchir au discours du pasteur Martin Luther King du 28 août à Washington, D. C., je l'avais regardé à la télévision. Je me demandais si ce rêve pourrait se réaliser un jour malgré la mentalité de certains, je me demandais aussi « pourquoi nos églises sont que pour les personnes blanches et eux pour des personnes de couleur, si on croit au même Seigneur, ne devrions-nous pas nous rassembler ensemble ? ». Plus les jours et les semaines passaient, plus je me questionnais intérieurement...

Le lendemain, je me rends au lycée, je suis un élève plutôt brillant. Je ne viens pas d'une famille riche, mais je me débrouille afin d'avoir une bourse universitaire, mon établissement applique la ségrégation comme la plupart des lieux dans le sud des États-Unis... Je fis ma journée comme d'habitude... Habituellement, je prenais le bus pour rentrer, mais en ce jour, je voulus rentrer à pied. J'avais six kilomètres environ de marche jusqu'à la maison. J'avais besoin de ce moment de solitude, de retraite après les cours. Je continuais ma route et j'entendis du bruit, et une voix dit « S'il vous plaît, ne me tuez pas, je ne veux pas mourir... », une autre voix répondit « La ferme le négro, on va te battre, tu ne mérites que ça ! ». Ayant entendu cela, je me précipitais vers le lieu. Je vis un garçon de mon lycée, Robert Boccaccio qui était avec un autre gars et je leur lançais « Hey, les crétins vous allez laisser ce jeune homme tranquille ou bien je serai contraint de vous casser la bouche, Bob ! ». Ils tournèrent la tête vers moi, et Robert me dit, « Tu te prends pour un héros Will Wright ? Laisse nous corriger ce nègre, va-t'en ! », Ils allaient se jeter sur le pauvre jeune homme, je m'élançais sur eux, frappai Bob et son ami, afin de protéger ce jeune homme de couleur. Les deux délinquants partirent en courant et Bob me lança « On se vengera Will, tu as ma parole... ». Je ne suis pas violent, mais je n'aime pas l'injustice, j'ai toujours été quelqu'un de calme, sage je dirais même...

Je me tournais vers le jeune homme noir, je lui demandais « Tout va bien pour toi ? » ; « Oui, ça peut aller, j'ai quelques blessures mais ton intervention m'a sûrement sauvé la vie. Comment t'appelles-tu ? » ; je lui répondis « Je suis William J. Wright Jr., et toi? » ; « Je m'appelle John Rufus Haley, enchanté ». Je décidai de ramener John chez lui. Nous en avons profité pour discuter ensemble, échanger sur plein de sujets. John était une personne intelligente, loin des stéréotypes racistes de certains. Je proposais à mon nouvel ami qu'après les cours on se rejoigne, pour qu'il n'ait plus à subir de violence physique de la part de Bob Boccaccio et sa bande, ce qu'il accepta !

Je rentrai chez moi, mon père et celui de Robert, m'attendaient sous la véranda. Mon père me dit que celui de Robert lui avait dit que j'avais agressé son fils. J'expliquai tout le déroulé de la situation et Monsieur Boccaccio me dit « Tu as battu mon fils pour défendre un sale négro ? » ; Mon père intervint, « Frank, votre fils a agressé un citoyen américain, imaginé que par inadvertance le gamin serait mort ? » ; « C'est quoi la ligue de défense des nègres ? Bill, votre fils a défiguré le mien, ainsi que son ami Jerry O'brian ». Je sentais une colère monter en moi, je sais que ce n'est pas bien mais Monsieur Boccaccio allait trop loin, il ne connaissait pas son fils... Mon père demanda à Monsieur Franck Boccaccio de s'en aller de la propriété ! J'eus une discussion avec mon père qui voulait connaître ma version de l'histoire. Il avait déjà compris que j'avais simplement voulu aider une personne qui allait simplement se faire tabasser pour un motif purement raciste...

Quelques jours plus tard, je voyais John, chaque soir comme à notre habitude dans la petite forêt près de l'entrée de la ville... On discutait de tout, mais nous aimions parler du contenu de la Bible. C'était l'un de nos points communs. John pensait qu'il fallait un réveil afin que l'on puisse vivre ensemble. Je lui posais une question, « Tu vois John, je n'avais avant jamais autant parlé avec un homme de couleur, et je me sens plus proche de toi que des blancs de mon lycée. Tu penses qu'on sera ami jusqu'à la fin ? » ; « Will, notre amitié est sincère, et comme pour toi, j'ai trouvé plus qu'un ami. Je dirais même un frère, c'est bizarre de comme sensation mais malgré nos différences physiques, l'histoire de ce pays, je pense que l'on sera ami même dans la mort ! ». Nous continuâmes notre conversation, et John me dit qu'il souhaite me présenter son amie d'enfance, Jemima.

Le lendemain, j'étais en avance à notre point de rendez-vous. John arriva avec son amie. Il fit les présentations, « Salut Will, je te présente Jemima Jacobs, mon amie d'enfance et Jemima voici mon nouvel ami depuis quelques semaines, William J. Wright Jr. ». Jemima me salua, je la saluais en retour et on se mit à discuter tous les trois. Jemima était aussi intelligente, voir plus que John et moi. C'était intéressant d'avoir des échanges sans se soucier de nos physiques, c'est ainsi que je voyais le monde ! Notre amitié, était passée de deux à trois personnes. On tentait de comprendre le fonctionnement de chacune des parties, trouver des moyens pour que l'on puisse changer le monde de demain. Certes à notre échelle, c'est compliqué mais si nous éduquons les prochaines générations avec une ouverture d'esprit telle que la nôtre, on pourra aller loin !

Jemima arrivait plus tôt, avant John, j'étais déjà là, nous commencions à discuter. Je trouvais cette jeune femme de couleur de plus en plus intéressante, comme si des sentiments naissaient en moi pour Jemima... Je n'arrivais plus à suivre la conversation au vu de ce qui se passait dans ma tête et mon cœur. J'étais tiraillé entre mes sentiments pour Jemima et notre amitié à trois. Je ne savais pas si mes sentiments étaient partagés, au même moment John arriva. On passait de bons moments ensemble, on était comme une famille, on se réunissait tout le temps, certes c'était en cachette pour éviter que les autres blancs et noirs ne nous voient ensemble, ce qui aurait pu nous causer des problèmes...

Cela faisait déjà quatre mois qu'on se voyait ainsi tous les trois. Jemima et moi, nous arrivions toujours en avance. Je commençais à parler avec Jemima, je tentais de lui expliquer ce que je ressens pour elle, j'avais du mal. Mais, la jeune femme me fit comprendre qu'elle était attirée aussi, et elle me dit, « Tu sais Will, je te trouve très intéressant, intelligent et très différent des autres blancs que j'ai pu voir. Tu ne m'as jamais rabaissée, tu... ». Dans un élan de courage j'embrassais Jemima, j'étais conscient que dans le sud si quelqu'un nous voyait dans cette situation cela pourrait être très problématique... Après avoir embrassé Jemima, je sentis comme une libération, Jemima me dit, « J'ai des sentiments pour toi aussi Will, mais tu es conscient que dans cet état, ce pays s'est compliqué pour deux personne comme nous... ».J'allais répondre à Jemima mais John arriva. Il nous demanda de quoi on parlait, nous lui avons expliqué qu'on se posait simplement des questions sur notre nation américaine...

Quelques jours après, nous nous sommes tous les trois retrouvés, dans les bois, afin de manger ensemble.

J'entendis du bruit, je tournais la tête et je vis Bob avec un groupe de six hommes, et il lança « Alors Will Wright, on traîne avec les négros, et en plus de cela on se permet de trahir sa race en embrassant une guenon ? ». John nous lança un regard, j'étais choqué, je me demandais comment il avait pu savoir ça... « Que vas-tu faire Bob Boccaccio ? Tu n'as toujours pas le cran de faire les choses comme un homme, seul ? ». Il fit un signe aux autres et ils sautèrent tous sur nous, je ne pus me défendre, John et Jemima non plus... Bob me dit, « vu que tu les aimes tant tes nègres tu vas mourir comme eux... » ; Je me sentais obligé de lui répondre, « Robert Boccaccio, je vais sûrement mourir de cette façon en ce jour, mais au moins je sais que je serais mort avec mes amis et ma dignité ». Ils nous attachèrent, balancèrent trois cordes par-dessus une branche d'arbre et nous passèrent la corde au cou... Nous sommes morts tous les trois car nous étions amis, un blanc et deux personnes de couleur du sud des États-Unis...
Sybilla
Envoyé le :  30/5/2021 23:12
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95583
Re: Le sud profond...


Bonsoir MrGuyGuy,

Cette histoire ne m'étonne hélas pas du tout....
Ayant moi-même vécu aux USA pour faire une partie de mes études, j'ai assisté à des scènes de ségrégation qui m'ont choquées !



Belle soirée !
Amitiés
Sybilla


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Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates ""réelles"" de parution.

Le rêve est le poumon de ma vie (Citation de Sybilla)

Mr_Guyguy
Envoyé le :  6/6/2021 23:54
Plume d'or
Inscrit le: 9/6/2009
De: Rouen, Mornes des esses et Casablanca
Envois: 1348
Re: Le sud profond...
Bonsoir Sybilla,

Oui, malheureusement, à cette époque c'était une pensée normale pour certaines personnes.

Je n'en doute pas, et malgré notre avancé dans le temps, il y aura toujours ce genre d'acte et de pensée...

Amitiés.
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