NEIGE DE L'ETE 2010

ma tête est fatiguée
et il neige

comme sur un vieil écran
de télé

il neige

les flocons recouvrent
mes rêves
mes souvenirs

les flocons recouvrent
les vivants comme les morts

enfouis sous leur manteau

je les entends

j’aime leurs voix mêlées

tout est uniforme
sous le linceul blanc

les peines comme les joies

et mon traineau glisse
accrochant leurs mains leurs pieds

il neige beaucoup
dans la tourmente

il neige beaucoup
pour que s’étoffe
la blancheur qui nous sépare

les soleils blafards
rendent admissibles
l’enfouissement des corps

tout est beau

le sautillement d’un oiseau
qui me conduit nulle part

je vois très loin
jusqu’à le dispersion de mes ennuis

une cheminée
un village
une barrière

pendant des heures
le monde va réprimer son orgueil

neige sereine
que mon sommeil rencontre

neige du vieux temps
du babil des enfants
quand les cristaux
brûlaient nos petites paumes rougies

neige qui habille les ossements
cache les charniers

neige qui renvoie à demain
ce qu’on devait faire aujourd’hui

neige sur les routes disparues

neige de l’apaisement

neige qu’il ne faut pas balayer
devant sa porte

neige purgative
des limbes

neige tombée
tombante

sur les tombes

neige qui étouffe
le bruit bavard des hommes

neige
fantasme de l’aventurier en pantoufles

neige incessante
du ciel d’hiver

neige des éternels retours

neige
l’écriture froide de mes mots

il faut que j’éteigne mon téléviseur
et que je vous regarde

cette pluie de flocons
obstrue mon âme

JEAN

neige les mots lorsque tout bouge autour de soi
et que le temps nous grise l'âme
magnifique !

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Lire, c’est rencontrer du monde, au plus profond de soi.