(je suis désolé de ne pas pouvoir écrire plus court. Un grand merci d'avance à ceux qui me liront)

L'ANGE ET LE DEMON EN NOUS

au commencement vient ce bloc indivisible
qui flotte au monde comme dans un ventre indicible.

de sa machette le créateur le coupe en deux.
le chiffre deux ne rimaille plus avec un.
je m’appelle Jean et je suis coupé en deux.
comment me souvenir d’un temps où j’étais un ?

car Jean dans sa vie travaille dans les bureaux.
Jean chie de ses entrailles entre ses barreaux.

Jean est marié à sa femme depuis trente ans.
Jean est lié à ce drame encore pour longtemps.

Jean en juillet part en vacances à La Baule.
Jean tout effrayé voudrait se pendre à un saule.

Jean remplit sa déclaration de revenus.
Jean écrit je ne suis pas un couillon dessus.

Jean amène l’auto au contrôle technique.
Jean sans gêne à des mots pour ces drôles de types.

Jean chaque Noël doit payer un peu d’étrennes.
Jean se rappelle avec peur du croquemitaine.

Jean en route prend toujours les mêmes chemins.
Jean doute tous les jours dans les petits matins.

Jean voit à la télévision ses émissions.
Jean prévoit une implosion de l’information.

Jean au téléphone peut parler longuement.
Jean ça le chiffonne à hurler ces boniments.

Jean enseigne à tous ses élèves son savoir.
Jean saigne car ce qui élève le fait choir.

Jean va s’agenouiller pour prier le bon Dieu.
Jean part s’émoustiller oubliant ses vœux pieux.

Jean son compagnon préféré c’est le stylo.
Jean ce troufignon affairé sans vrai boulot.

Jean surtout veut être un auteur de grands romans.
Jean sur tout n’est que lecteur par petits moments.

Jean est tout menu pas très large et mal foutu.
Jean tout velu sur la plage court bien membru.

Jean vit dans une maison en ville et travaille.
Jean crie à l’horizon défile et tout déraille.

c’est commode de jouer avec le son des mots
mais les mots sont une viande qui pense et souffre.
on m’appelle Jean parce que dans le cerveau
il faut bien qu’un nom nous désigne le gouffre.
on parle d’hémisphère pour classer le monde.
en moi j’ai le nord au sud dans ma tête ronde
et je fais le rêve alambiqué et stupide
d’un temps au dilemme épargnant l’humanité
d’un temps limpide fort bien jusqu’à l’insipide
une monstruosité d’ennui sans gaité.
il est dit que c’est un paradis ce temps là
avant que la conscience n’en sonna le glas.

alors Jean s’empare de Jean enfin ensemble.
ils marchent en bordure d’un fleuve qui tremble.
au milieu gicle une main plus raide qu’un membre.
au secours ! Jean se jette dans le fleuve il semble
mais l’autre Jean le retient puisque c’est ensemble
qu’ils veulent sauver la main. mais dans une chambre
la main féminine très vite elle s’ébranle
et l’autre Jean cette fois à Jean ne s’assemble.
la main friponne ne veut de Jean qu’une jambe.
dans ce dur moment des deux Jean lequel commande ?
c’est alors que les deux Jean décident ensemble
de rendre au fleuve cette main beaucoup moins tendre.
au secours au secours ! à nouveau elle fait entendre.
mais les deux Jean scrutent l’eau où la main se cambre
et comme siffle un blizzard mauvais de décembre
tous les gens vont s’unir autour d’un feu qui flambe.

la strophe ainsi n’est plus un distique. elle rime
plus longue qu’un douzain. puis en bloc on l’arrime
car pour conclure un duel c’est l’unité qui prime.

JEAN

J'ai lu ton poème comme un développement étudié de ce que j'exprime moi-même dans mon poème "Ange ou démon".
HONORE