Il montait dans la vallée, un parfum de menthe.
A l'orient, le quai des nuits dégonflait les voiles,
Carrosse d'or, cuivré, appelé en silence....
Un orchestre d'oiseaux qui jouait du violon,
Une horde de sangliers, fidèles sur la route
Des glands, buvant des mèches de soleil!
Un troupeau de daims composaient un pastel,
Qu'en vain un peintre pastichait sur sa toile.
Des vaches en damier, galopaient en meuglant,
En montant le chemin sous une nappe noyée..
Ivres du jour, de l'herbe fraîche sous leurs pieds.
Au bout de la côte des frênes, des noisetiers,
Une buse grise planait en cercle de manège,
Suivait, l'oeil furieux, deux lièvre en cavale,
Puis piquant dans un couloir d'ombre et de lumière!
La campagne qui saigne sur du duvet blanc,
La mort qui rode aux portes de la liberté,
Le néant pour toute borne à la création...
Là -bas, un village qui s'éveille, ressuscité,
Aux battements des cloches, tétant l'azur.
Et des corbeaux croassant dans la brume,
Et les chants des coqs rasant la terre,
L'hymne national de la basse cour sonnée.
Et ces rivières, chantantes comme le Dieu Hermès,
Et ces ruisseaux minces comme un cou de femme,
Réveillant vallées, montagnes sous la pendule immatérielle!
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Je crois qu'il n'y ait eu guère d'auteurs qui aient été contents de leur siècle. Vauvenargues.