« TU ME FAIS CRAQUER »
Je n’ai jamais compté les soirs ou les matins
Où tu venais me voir et me sollicitais.
Sur le parquet ciré tu prenais les patins
Et je savais déjà ce que tu souhaitais.
J’assistais, sans broncher, rangée comme il se doit,
A ton déshabillage, à mon goût trop rapide.
Tu t’appuyais sur moi je ressentais tes doigts
Et ma sève bouillait, qui n’était plus limpide.
Puis tu te pavanais devant la grande glace,
Exhibant ce corps nu dont tu semblais heureux.
Parfois tu faisais même un geste bien salace
Comme pour te prouver que tu es valeureux.
Oui, mais voilà ! Ce soir, tu sembles furibond !
Je ne sais la raison qui te rend coléreux.
Tu es rentré d’un coup, vêtu tel vagabond,
Sale et méconnaissable en habits poussiéreux.
Sans faire de manière, en m’ignorant aussi,
Arrachant ta chemise et ce vieux pantalon,
Je te trouve moins doux, beaucoup plus endurci,
Tu ne ressembles plus à ce bel étalon.
Et tu veux que je m’ouvre et t’offre mes rayons ?
Ah, mais non, mon ami ! Si tu perds la mémoire,
Tu peux bien, si tu veux, mélanger tes crayons,
Tu n’auras rien de moi qui suis trop belle… armoire !