Ton odeur délicate, je veux la respirer,
M’en gonfler les poumons, l’expirer, l’inspirer,
Lentement la humer, la garder en mémoire.
Ne fait-elle pas aussi partie de notre histoire ?
Dans ma boîte à odeurs, le mélange est curieux,
Tant d’arômes s’y côtoient, du plus jeune au plus vieux.
Beaucoup viennent des fleurs, du lilas au jasmin,
De quelques condiments, d’herbes, du romarin,
Et bien sûr du café ou encore de la pomme
Mais, bien étonnamment, plus aucun parfum d’homme…
Ton goût bien épicé, je veux le déguster
Laisse donc ma langue sur ton corps s’attarder
Lentement parcourir toute surface de peau,
Comme le fait la brebis lorsque nait l’agneau
Dans ma boîte à saveurs, tant de sucrés-salés,
D’acides, comme le citron, d’autres, plus pimentés.
Poivre et moutarde effleurent l’anis et la cannelle
Que, juste en y pensant, ma mémoire se rappelle.
Mais plus du goût des peaux des hommes de ma vie
Serait-ce mes papilles qui se sont endormies ?
Ta voix juste cassée, je veux m’en souvenir
De ses tendres murmures à ses éclats de rire
Pouvoir encore l’entendre même si tu n’es plus lÃ
Me rappeler les mots que tu m’as dits cent fois
Dans ma boîte à musiques, des centaines de chansons
Qui ont au fil du temps bercé mes illusions
Des sons de toutes sortes, des cloches aux sirènes,
Du ronronnement d’un chat au vent qui se déchaîne
Mais les chants de mes hommes ont tous disparu.
Les timbres de leurs voix, en moi, ne résonnent plus.
Il paraît qu’un parfum peut survoler les ans
Que le goût d’une peau peut résister au temps
Qu’une voix peut survivre, pour toujours résonner
Il paraît, il paraît… mais moi, j’ai oublié !
Dans ma boîte crânienne, ma boîte à souvenirs,
Mes plus belles amours essaient de se maintenir
Il ne m’en reste que d’épiques situations
Quelques beaux paysages, de fortes émotions…
Soufflés par des photos, s’y tiennent quelques visages
De fort beaux mots d’amour, relus sur des messages
Impossible pour autant, même en y pensant fort
De revivre en mémoire le partage de nos corps
L’amour semble se perdre avec le temps qui passe
Plus d’odeur, plus de goût, plus de voix, tout s’efface
Laisse moi t’examiner, fais-le pour mes vieux jours,
Que je garde en mémoire ses saveurs pour toujours
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Calou