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     Le boom-boom (Les amitiés particulières)
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Expéditeur Conversation
njb880
Envoyé le :  27/3/2010 17:25
Plume de soie
Inscrit le: 28/12/2009
De:
Envois: 102
Le boom-boom (Les amitiés particulières)
Le boom-boom

Ils aimaient ce bruit, il aimaient ce boom-boom. L'ivresse aidait certainement à cela. Ils dansaient et buvaient jusqu'à pas d'heure. Ils ont toujours appelé ça le boom-boom : la musique et le sentiment de sentir leurs cœurs sortir de leurs poitrines, même après être sortis de la discothèque. Surtout, chacun d'entre eux arrivait à sentir les battements de cœur de l'autre. Oui, c'était ça le boom-boom.

Toute la boîte de nuit pouvait croire qu'ils étaient en couple. Ils ne dansaient qu'ensemble. Personne ne pouvait déranger ça. Malgré la présence du petit groupe d'ami qui était avec eux ce soir-là, ils dansaient tous les deux. Pierre aimait faire croire aux hommes qu'Estelle était à lui, sexuellement, puisqu'elle était à lui sous toutes les autres formes. Oui, ils s'appartenaient, comme des âmes-sœurs. Comme des anges, car il n'y avait jamais eu, et il n'y aura jamais, de sexe entre eux. Estelle jouait aussi avec lui, sans raisons particulières. En fait, ils se jouaient l'un de l'autre.

Une vodka, une autre, une autre et une autre, encore. La vodka : leur élixir. Mais après quelques verres, ils sont comme tout le monde. Saouls. Alors, le combat pouvait commencer entre les deux amis. Ils s'embrassaient avec passion, comme des amoureux. C'est sans doute dû à l'alcool, à la musique, à l'ambiance ou à l'absence récurrente d'homme dans leurs vies. Non, le manque d'homme n'a jamais poussé deux amis à s'embrasser comme ça. Non, c'est juste un jeu. Triste jeu au fond que d'embrasser quelqu'un dont on est pas censé être amoureux. En fin de compte, peut-être sont-ils amoureux l'un de l'autre? Personne ne le sait, pas même eux. Et puis, parfois, avec un ami, on est sûr de ne pas se tromper, de ne pas tomber de haut. Mais Pierre est homosexuel. Mais Pierre et Estelle s'aiment. Ils s'aiment comme des anges.

La chasse continue entre eux-deux Par moment, ils s'accordent un moment de répit. Une respiration. Une gorgée de vodka-pomme. Un regard vers les regards. Ces regards qui scrutent un garçon, ouvertement gay, et une fille très jolie, qui sort avec le plus beau garçon de la fac. Ah oui, Nicolas... Pierre avait oublié jusqu'à son existence. Il le hait. Plus que ça, il le trouve insignifiant. Pour Pierre, c'est le plus haut degré de haine qui puisse exister au monde : l'insignifiance. Quitte à en faire trop et à être détesté, il ne voulait pas être insignifiant.

Il était là sans doute. Il est toujours là de toute façon, il guette. Il doit avoir honte d'Estelle. S'afficher avec un pédé, une honte ! Passer pour un cocu, un déshonneur ! Pourquoi parler d'honneur là où il n'a rien à y faire ? Trop d'honneur étouffe. Nicolas doit scruter dans un coin le manège des deux amis. Il ne doit pas rire. Pierre réalise pour quoi il embrasse Estelle finalement : pour Nicolas. Enfin, contre lui.

La musique est toujours là, assourdissante. L'alcool coule et bouscule la raison et fait danser Pierre, tout seul. Sulfureux. Ouvertement sulfureux. Il danse rien que pour elle. Assise sur la banquette, elle regarde son ami se déhancher sur une chanson sans prétentions qui ne peut s'écouter qu'en boîte. Il se caresse pour elle. Partout. Sous la chemise. Les fesses. Le visage. L'entre-jambe. Il rit parfois pour détourner l'attention de son public sur l'obscénité de sa danse. Il ferme les yeux d'ailleurs. Il veut être vu mais ne veut pas savoir qu'il est vu. Comme au théâtre les spots éblouissent les acteurs, il ferme les yeux. Pierre ne veut sentir ni approbation ni désapprobation dans les regards.

Le boom-boom laisse soudainement sa place à quelque chose de plus léger. Il est bientôt fini. Il est temps de rentrer et le boom-boom va continuer mais seulement dans leur tête et dans leur cœur. Les deux amis se décident d'un regard à rentrer dans leur petit appartement. En se dirigeant vers la sortie de la discothèque, il remarque un garçon couché sur une banquette.

« - Regarde, je crois que c'est Robert... dit-il
- Ah bon? »

Robert était l'ami d'un ami. Il ne s'appelait pas Robert. Mais Estelle et Pierre ne retenaient jamais les prénoms des gens qu'ils rencontraient : ils inventaient alors des surnoms à ces derniers. Ainsi au fil de leurs rencontres, ils ont côtoyé des Robert, Bernard, Ginette ou Micheline. Des surnoms ridicules pour des gens qu'ils ne reverront sans doute jamais.

« - Ils m'ont tous laissé, ils sont partis, dit Robert dans un demi-songe éthylique.
- Allez, viens, tu vas dormir à la maison. »

Ils habitaient à quelques rues de la boîte de nuit. Très pratique pour rentrer à pied. D'ailleurs, Pierre a quitté ces chaussures, comme pour évacuer le démon de la danse qui a vécu en lui, quelques heures. Robert peine à suivre Estelle et Pierre. Ils sont loin devant et se racontent les folies de la soirée. L'alcool est toujours là mais moins présent que dans la chaleur et le bruit de la discothèque. Ils marchent côte à côte. Lui, ses chaussures à la main et elle, une cigarette aux lèvres. Avant de se retourner vers Robert, il lui pique la cigarette pour n'en prendre qu'une bouffée. Déposer ses lèvres là où elle les avait posées. Comme un dernier baiser. L'appartement n'est plus très loin.

Ils sont arrivés dans le petit deux pièces et, en route, ils avaient décidé de faire dormir Robert dans la chambre et de dormir ensemble dans le canapé-lit du salon. Ils sont presque obligés de déshabiller le jeune homme. Ils en rigolent, évidemment. Robert est un très beau jeune homme. Ils viennent tous les trois de la même ville, sans s'être jamais rencontrés.

« - Je peux regarder Plus belle la vie? Demande-t-il.
- Ouais, c'est ça. Et tu veux pas que je te fasse les ongles pendant ce temps là ? Répond Pierre, ironique. Allez, dors maintenant, je te ramènerai chez Arnaud demain matin. »

Aucun des deux amis n'avait imaginé autre chose avec le garçon que ce qui était en train de se passer. Quelque chose de chaste. Mais Plus belle la vie : voilà qui terni un peu le tableau du déshabillage du beau garçon. Personne d'autre qu'Estelle, Pierre ou Nicolas n'avait dormi dans le lit. L'un des deux amis aurait pu en profiter. Mais non, ils allaient dormir ensemble. Ça suffisait à leur bonheur, apparemment.

Estelle et Pierre se changent pour aller dormir. Ils discutent encore de la soirée : des excès des uns, des blagues des autres et des discussions animées en cette année d'élection. En arrivant à Limoges, ils ont rencontré des gens qui sont devenus des amis. Pas de surnoms débiles pour eux. Mais un conflit hantait toutes les soirées qu'ils passaient ensemble : la politique. Elle et lui étaient plutôt à gauche, sans être convaincus de la candidate qui leur était dévolu. Ils avaient quelques alliés dans cette bataille, mais ils n'étaient pas téméraires. Face à eux, deux garçons soutenaient la thèse adverse. La bataille fût rude pendant cette année d'université. Même si Pierre et Estelle avaient perdu la guerre des urnes, ils avaient gagné une bataille, et pas la moindre : emmener toute l'équipe en meeting. Ils avaient tous énormément rit. Au final, les oppositions politiques n'avaient en rien entaché l'amitié du groupe. Au contraire, cela les avait rapprochées.

Après une ultime cigarette et un petit casse-croute de fin de soirée, ils se couchent. Dans le lit, elle lui tourne le dos.

« - Donne-moi la main, ordonna-t-elle »

Il lui tend la main demandée.

« - On s'est bien amusé !
- Évidemment, dit-elle.
- T'en as bien profité en tout cas...
- De quoi?
- De moi, de mon corps de rêve, dit-il en souriant.
- Arrête, c'est toi qui a profité de ma faiblesse.
- Mais bien sûr... »

Silence. Il se blottie un peu contre elle. Quelques instants. Il l'a sert dans ses bras. Pas longtemps.

« - Tu m'épouses?
- Quoi? Demanda-t-elle, comme pour vérifier si l'alcool ne lui jouait pas un ultime tour et qu'elle n'était pas victime d'une hallucination auditive.
- Oui, tu m'épouses? insista-t-il.
- T'es bourré, arrête. »

Silence.

« - On verra ça quand on sera plus grand, dit-elle finalement. »

La sonnette retentit dans le silence de leur début de nuit. Il est 5h30 du matin. Estelle et Pierre sursaute dans le lit. Ils pensent tout les deux à la même chose. Ce coup de semonce va réveiller Lolo, leur voisin du dessous. Laurent, dit Lolo, a le sommeil très léger et dort à coté de son balai. Il frappe à son plafond à n'importe quelle heure, dès qu'il entend un bruit en fait. Lolo : encore un surnom ridicule des deux amis. Ils avaient reçu un petit mot une fois : en première année de fac, il prenait tout ça très au sérieux. Pour les deux amis, il n'y avait jamais rien de sérieux Ils s'étaient, alors, excusé. Mais dès le lendemain, Lolo recommençait son manège de balai. Il était joli garçon mais trop chiant, que ce soit pour Estelle ou pour Pierre.

Pierre se lève jusqu'à l'interphone pour répondre aux assauts qui n'en finissent pas.

« - Oui? Silence. C'est Nicolas... dit-il à Estelle »

Comme à son habitude, il est entré en terrain conquis dans le petit appartement. Il avait un verre à moitié plein à la main, et était visiblement aussi éméché qu'Estelle et Pierre.

« - Qu'est-ce que tu fous au pieu avec lui?
- On allait dormir.
- Ouais c'est ça. Allez, viens, on va se coucher. »

Il entre avec fracas dans la chambre et trouve Robert couché dans le lit à moitié habillé. Un coup de balai se fait entendre.

« - C'est qui ce mec?
- Un ami, je t'expliquerai, dit-elle.
- Tu ramènes tes potes dans mon lit ? dit-il, au premier seuil de l'énervement. »

Pierre assiste, impassible, à la joute verbale qu'Estelle et Nicolas se livrent. Un autre coup de l'ami du dessous vient les surprendre.

« - Calme-toi, je fais ce que je veux Nicolas
- Viens, on rentre chez moi »

Quelques secondes passent. Elle réfléchie. Elle enfile son jean et, par cet acte, décide de suivre le jeune orgueilleux. Estelle laisse Pierre dans le lit, seul. Voilà, elle le quitte encore une fois. Après les baisers, après l'étreinte, après la demande impromptue. Elle s'en va au bras de Nicolas.

Désormais, dans le début de matinée du petit deux pièces, Pierre est seul. Pierre est bien seul. Robert dort dans son lit. Lolo frappe au plafond. Le boom-boom de la tête et du cœur est là, encore. Toujours.
Facillire
Envoyé le :  25/4/2010 20:44
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: Le boom-boom (suite de L'inconnu)
Bonsoir njb880,

Je viens de lire ton texte en vitesse,mille excuses.

Promis,demain je le lirai avec toute l'attention qu'il

mérite.

Amitiés de Liège


Le 26 avril 2010

Voilà je viens de le relire. Tu as le don de mettre un atmosphère qui déroute.

Le jeux entre les personnage montre combien il est difficile de comprendre l'autre.

Il faut se résigner à vivre le moment présent,permettre à nos sentiments de voir autre

chose.Il y a cependant une souffrance qui me paraît bien dissimulée mais qui n'enlève

rien à l'attrait du texte.

Tes personnages sont riches,ils se cherchent.

J'ai lu et j'ai aimé.

Merci,amitiés de Liège
njb880
Envoyé le :  30/4/2010 11:41
Plume de soie
Inscrit le: 28/12/2009
De:
Envois: 102
Re: Le boom-boom (suite de L'inconnu)
Merci à toi pour ton commentaire.
Il est vrai que les personnages sont complexes et tourmentés : ils ne seraient pas intéressant sinon, je crois.
Ils ont en chacun d'eux une souffrance inexplicable, un malaise qui perdure dans leurs relations aux autres. C'est comme ça que je les vois en tout cas.

Encore merci de ton passage.
njb880
Honore
Envoyé le :  5/5/2010 10:11
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Le boom-boom (Les amitiés particulières)
Troublante atmosphère qui révèle parfaitement ta détresse sentimentale.
HONORE
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