Plume de platine Inscrit le: 30/1/2010 De: Envois: 2762 |
Kakar(5) -Que se passe-t-il ? -Pas de réponse !
Marie prend une voix autoritaire. -Alors ! Allez-vous me dire ce qui se passe ?
Je scrute la cuisine et je ne vois pas Maxime; notre filleul.
-Kakar, oĂą est Maxime ?
Kakar fond en larme, lui le gars costaud qui Ă main nue mettrait en miette un ours.
-Il est à l’hosto ! Va pas bien le p’tit. Bon sang Lucien ! Y a pas de bon Dieu sur cette terre pour des gens comme nous ?
-Faut pas parler comme ça mon gars ! Dieu nous met à l’épreuve. Qu’est-ce qu’il a ?
-J’ai pas compris tous les mots mais paraît que ses p’tits reins et ben y fonctionnent plus !
-Il y a certainement un traitement ?
-Lucien, ils l’ont branché à une machine infernale, la gueulante c’est rien à côté.
Il lui reste trois mois à vivre ! Tu comprends ça, mon p’tit gars ,il a fait de mal a personne…
C’est pas juste Lucien, c’est pas juste ! En plus il faut qu’on paie une fortune pour un seul jour de traitement.
MĂŞme si je revends la maison, y aura pas assez.
Le doc a dit que la seule issue était de trouver un donneur et d’aller à Paris pour une transplantation.
Maxime ne sait rien, on lui a dit que c’était une maladie grave.
Il paraît qu’il faut chercher un donneur dans la famille. Les analyses coûtent aussi très chères. Et rien n’est sûr!
François Lucien, je ne veux pas perdre mon gars t’entends ? On a que vous comme famille !
Il me prend dans ses bras et nous pleurons en silence. Les femmes sont sorties pour pleurer.
C’est la première fois qu’il m’appelle par mes deux prénoms. Tout le monde m’appelle François, car c’est celui que je préfère.
Je me ressaisis, et d’un ton très autoritaire j’ordonne à Kakar et aux enfants de s’asseoir. Les femmes viennent de rentrer, elles s’exécutent aussi.
-Cette maladie qui bouffent les reins du p’tit c’est une réalité. Le bon Dieu nous viendra en aide .
On a l’habitude de se battre et on va se battre !
Le p’tit ira là où c’est le mieux, avec les meilleurs médecins. Toi et Joséphine vous accompagnerez le p’tit à Paris.
-Tu piges pas ? Faut un donneur, si non ça ne sert à rien ! Et pour le fric ?
-Fermes-la Kakar, je t’ai dit que le bon Dieu nous aidera… Trois mois c’est peu et beaucoup à la fois.
Marie est effondrée, elle veut aller le voir. Je la regarde, dans ses yeux tristes ,l’espoir n’y est pas pourtant elle sait que quelque chose va se passer.
Nous prenons congé de la famille et nous sautons dans le premier bus pour l’hôpital de Bavière.
De couloir en couloir nous arrivons dans le service de dialyse.
-Bonjour, M'dame. Nous venons voir le petit Maxime.
L’infirmière nous demande de ne pas rester trop longtemps.
Maxime est un enfant à l’image de son père, courageux, volontaire, toujours pour rendre service à l’école. Il est dynamique et par-dessus tout il aime le foot.
Le voir allongé, les yeux fermés nous terrasse de douleur.
Marie prends doucement son petit poignet,elle lui caresse la main. Une machine bruyante est raccordée par des tuyaux au petit bras de Maxime.
Je suis lĂ , avec mes mains caleuses et mes nonante kilos, ne sachant que faire.
Je suis dans un lieu où toute force à l’air d’avoir disparue. On dirait des petites pompes qui tournent, le sang y circule.
Je hais les machines et pourtant elles nous font vivre, ce p’tit bout d’homme qui n’a jamais fait que le bien est attaché à cette machine!
Tout doucement, Maxime ouvre les yeux et d’une voix extrêmement faible nous dit bonjour.
-C’est toi Marraine ?
-Oui mon chéri.
-Je suis content de te voir,tu m’as manqué. Je suis pas beau à voir,hein ?
-Que dis-tu là ! Bien sûr que tu es beau.
-Je suis si fatigué Marraine… Marie ne peut retenir ses larmes, elle se lève et va pleurer dans le couloir.
Je m’assied à la place de Marie.
-Alors p’tit gars,il me semble que les infirmières te gâtent ?
-Oui,Parrain elles sont si gentilles que…
Maxime s’est rendormi. Si je pouvais,je prendrais sa place ! C’est alors que je lève le poing pour briser je ne sais quoi.
L’infirmière délicatement prend ma main.
-Non monsieur, votre colère contre la maladie ne changera rien !
La maladie est là …c’est un combat de tout les instants, Maxime a besoin d’un entourage fort.
-Mais madame, un ange ne mérite pas cela. Ce p’tit qui est là est un gosse formidable !
-Oui, je le sais.
-Excusez-moi, mais vous ne pouvez pas savoir!
Marie et moi le connaissons depuis qu’il est né !
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