C'étaient les années noires, c'était l'occupation
Le joug de l'ennemi opprimait la nation
En ces temps d'infortune les soirées étaient longues
Et ne nous offraient pas beaucoup de distractions
Le tic tac de l'horloge rythmait les heures sombres...
Mon père bricoleur et adroit de ses mains
Devant son établi limait, soudait sans fin
Du haut de mes cinq ans je le regardais faire
Et son travail me paraissait plein de mystère
Des fils multicolores se faufilaient partout
A l'aide d'une aiguille il piquait un caillou...
Dis-moi papa, ce truc à quoi ça va servir ?
Sois patiente fillette je m'en vais te le dire :
Ce truc-là , comme tu dis c'est un poste à galène
Et sa fabrication me donne bien de la peine !
Mais si ça marche un jour tu pourras écouter
Des gens parlant depuis des pays étrangers !
J'en suis restée muette, pleine d'admiration
Et mon père, à mes yeux, devint un grand champion
Depuis ce jour avec beaucoup d' impatience
De cette voix magique j'attendis la naissance
Mais le premier essai fut plutôt décevant
Ne nous laissant entendre que des crachotements...
Papa pourtant, jamais ne fut découragé
Mille fois son ouvrage remit sur le métier
Jusqu'Ã ce qu'un beau jour la voix tant attendue
Arrive à nos oreilles, venant tout droit des nues
Traversant les frontières, se jouant de la guerre
Survolant les montagnes, les plaines, les rivières.
La radio était née dans notre humble maison
Nous avions enfin droit à une information
Des hommes résolus nous parlaient d'espérance
Annonçant pour bientôt la fin de nos souffrances
Chaque soir désormais c'était un vrai bonheur
D'écouter cette voix qui nous venait d'ailleurs
Et nous disait : « Bonsoir, bonsoir chers z'auditeurs » !
Automne