Premier roman brûlé.
Comme s’il suffisait de brûler les sorcières pour que rien de l’avenir ne m’atteigne. Dis, ça se saurait ! Serais-je à l’abri des cauchemars ?
Ou alors les verrais-je longtemps se consumer tandis que leurs lèvres n’auront de cesse de murmurer jusqu’à l’ultime crépitement, en ce bref jaillissement qui précède la cendre. L’oracle n’étant plus livré, la vérité deviendrait – t-elle muette dans un corps calciné, noir comme l’ébène ? Qu’en reste – t-il …une empreinte du feu…d’un feu d’enfer ?
Comme s’il suffisait de brûler plusieurs centaines de pages pour occulter totalement le passé. Dis, ça se saurait ! Serais-je à l’abri des cauchemars ? Peut-être un soir de grand vent, au milieu d’une clairière, imagine les flammes dévorantes, l’enfer au secours de la violence de mes mots ; des heures, des mois, des années de questionnement, d’espoir et de désespérance, de rage et d’amour, d’allégresse et de tristesse, d’illusions et de désirs, de soupirs et de deuils partant en fumée ; il faut quelques minutes pour tout effacer. Pourquoi ce suicide irréparable. Le linceul de la mémoire n’a plus qu’à se déguiser en Mardi-gras. Les feuilles encrées ploient sous l’étreinte du feu, semblent s’enrouler comme un parchemin, puis s’écroulent. Fini. Fuittttt ! Que passe la tempête !
Comme s’il suffisait de croire qu’ainsi ces maux resteraient secrets ?
Ce que tu as écrit un jour reste gravé à jamais dans ton âme. Comme s’il suffisait que tu aies brûlé ton premier roman pour que rien jamais ne revienne… Utopie ! L’âme garde l’empreinte de la pensée. Ni le ciel, ni l’enfer ne savent l’effacer. Il t’arrivera alors d’en imprégner les mots que tu vas griffonner… Comme s’il suffisait.
Pierre wattebled - le 1 février 2010
----------------