PUNI
Dans un coin de la classe
Tout rabougris
Voici le puni
Pour se retrouver ici
Il a choisi
Personne n’est à sa place
Les gens lui avaient pourtant dit
Il resta sourd
Se fixa tour Ă tour les interdits
Entra dans le labyrinthe infini
Des enfants abas-Sourdis
Ces bandits volèrent cet érudit
Il se retrouva tout Ă©tourdit
Les oisillons autour de sa tĂŞte
Tournaient et faisaient cui-cui
Dans ce champ aux épis de blé
Où la moisson se répète
Doux rêveur en quête de liberté
Au fond de la vallée
Les feuilles du cahier dispersées
Pieds nu sur le carrelage froid
Ses idées sont toutes froissées
Elles se figent et engourdissent ses doigts
Deviennent des petits glaçons
Qui fondent dans le cocktail de l’oisiveté
Le ventre creux
Signe d’un jeune prolongé
Affamé par les mots et les idées.
Des tomes entiers au volume copieux
Pourrait être dévorées
Rangés sur les étagères aux jets
De soucis littéraires
Aux chapitres éparpillés
Par des paroles en l’air
Les pétales des pissenlits
Se mêlent à la poussière
Une inconnue a soufflé pour lui
Fin de journée à la cueillette grossière
Il n’a pas saisi le bouquet
Tel un courant d’air
Sa beauté lui a échappé
Le voilĂ bouc-Ă©missaire
Il préfère cultiver ses chimères
A la fleuraison amère
La nuit tombe
Bien au chaud dans son lit
Les couches de rĂŞves surplombent
Le petit village d’Eve
Candidat peu vaillant
Vite essoufflé sans la motivation
Son statut est vacant
Profite du manque d’attention
De son proche entourage
Il quitte les larges sentiers
Enfile ses bottes en caoutchouc
La tête la première dans la boue
Son cerveau se noie et se dissout
La barque remplie d’idées
Le sauve et l’embarque
Envie de découvrir ce lac
Il rame de plus en plus vite
Le corps se braque, il s’épuise
Choisi l’embarcation du désespoir
Pour mieux y croire
Le temps banal
Poursuit les annales
En voulant le survoler
Les aiguilles l’ont piqué à la volée
Accroupi dans son coin
Il n’a point d’heures
Sa vie était à cent à l’heure
Le compteur explosé à coups de poings
Le temps le nuit
Seul au fond de lui
Suivi de son vis-Ă -vis
Visa qu’il ne connaît pas
Amis qu’il ne côtoie pas
Salsa qu’il ne danse pas
Pas à pas qu’il ne fait pas
Absence qui continue le pas
Tout seul dans son coin
En plein hiver
Il repense à cet été pas si loin
Cueillette de fruits mûrs
Gelés par tout ce calvaire
Il ne reste que du pain dur…
Jo l'enchanteur
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Jo l'enchanteur
fais confiance en la providence...