LE POUPON ROSE BONBON


Une poupée tombée du ciel
C’est le ciel mère qui l’a lâché
Les bras du bébé l’ont effleuré
Agréable texture de son chemisier
Peau douce et plastifiée
Puis l’ambigüité s’est installée
Regards paternels superficiels
Les premiers pas sont instables
Les premiers mots timides
Le petit garçon fragile et translucide
Les allures fines et distinguées
Des goûts parfumés s’installent
Des acquis, des sensibilités subtiles
Les escaliers des âges sont dévalés
Par des sandales ou des souliers
Dans la cour de récréation
Les galets de marelle
Remplacent les ballons bariolés
La loi du plus fort préfère l’évasion
Toute action restera élégante et soignée
En compagnie des nattes tressées
Aux barrettes fines et colorées
Les mots s’empressent dans un échange
Aux allures de naïveté
Aux idées nouvelles assurées
A la compréhension mutuelle
A l’heure du coucher orange
Dans le lit, un atlas illustré est ouvert
Vénus était plus tendance que Jupiter
Tel un repère convoité et côtoyé
Identité du coyote repoussée
Tout de suite séduit par bip bip la fusée
Le sang des costauds
Ne tenait pas chaud
La fleur bleue
Complétait les bouquets
Cueillis dans les bosquets
Devenir ce méchant loup
Aux oreilles pointus, aux canines taillées
Ça jamais
Plutôt opter pour la panier en osier…
Cette ombre qui poursuit
Qui se faufile dans le lit
Pourquoi ne pas lui laisser plus de crédit
Sentir la légèreté des robes à fleurs
Troquées contre des pantalons trop courts
Qui cachent un cierge de taille riquiqui
La cire a trop vite coulé
Ce vaillant petit fleuron
A peur de se consumer
A l’approche des allumettes
Qui se frottent à la mèche enroulée.
Ses rêves sont remplis de perles
Ce cou nu pourrait accepter un collier
Ses cheveux pourraient pousser
Ses réveils sont machos et musclés
Ses poings si difficiles à serrer
Il s’évade dans ses pensées
Se voit désiré, séduit
Devenir l’objet du possesseur
Pénétré en profondeur
Sur le banc, la frange en avant
Ce petit gars attend
Il se voit dans une embarcation
Telle une pucelle effarouchée
Dans la salle de bain
La glace reflète le garçon
La tête entêtée répond la fille
Regard droit devant
Le voici devenu mâle rassurant
Au coup de rein stimulant
Regard de biais
Le voilà charmante femelle
Aux dessous tentants
Qui attend de se faire offrir des ailes
Par son futur prétendant
La poire est coupée en deux
La foire aux identités est ouverte
Pâtes à modeler des corps
La peau et les formes non accordées
Tirades et propos désorientés
La double facette nuit à la recette
La force en gant de soie
La sensibilité à la rage peu habile
Une négligence précieuse
Des accessoires qui dictent le soi
Sensation chaude et froide
De posséder à la fois
Un cœur de reine et de roi
Carte sur table, les figures de bonne augure
Superbe atout d’être dans le tout
Les deux éléments sont rassemblés
Emblême d’un tandem assimilé

Le poupon renversé
Le pantalon levé décline la poupée
A la jupe boutonnée
Fétiche objet
De nos joies, de nos pleurs, de nos journées
A l’avenir cousu main
Bébé parmi les femmes
Ignorant parmi les hommes
Le poupon enfoui au passé lointain
Est toujours à portée de main.

JO L'ENCHANTEUR

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Jo l'enchanteur

fais confiance en la providence...

surprenant raccourci de nos vies en cours
comme si nous étions de pauvres pantins
sous l'oeil de l'entomologiste.

Et ce regard aigu, d'une acide lucidité,
le couperet de ce regard.
Traversée fulgurante de nos âges.