Illustration de Jean Hugues Henry



Nos obscurités


Des ombres lointaines remontent le courant
Du flux des mémoires cachées dans nos silences.
L'étrange fontaine des eaux grises du temps,
Crache ses histoires au front de nos absences.

Leurs contours indécis silhouettent l'espace
Dessinant nos terres aux horizons tremblants.
La béance d'un cri sur leurs lèvres de glace
Ouvre notre sphère aux spectres larmoyants.

Ces ombres lézardent les belles assurances
Mélangeant l'écume de nos mots défaillants,
Aux yeux qui se fardent pour prendre l'apparence,
De ces vieilles brumes de nos fantômes hurlants.

N'entendez vous donc point ? Ces voix qui nous murmurent,
Les pénombres voilées qui se vivent en nous,
Vociférant au loin nos regrets et parjures,
Aux abîmes jetés en collier sur nos cous.

Ne voyez vous point là, dans l'ébène des vents,
Remonter jusqu'à nous ces vampires de vie ?
Aspirant nos trépas aux coloris sanglants,
Jusqu'à nous rendre fou et chasser nos envies.

Toutes ces chimères jouent de nos souvenirs
Prisant nos larmes dans l'instant qui s'efface
Au clos des misères, au râle de nos soupirs,
Ourlant nos vacarmes de leurs désirs voraces...


©Mél



27,12,2009

Merci de ce très beau poème...les images, les mots sont d'une force...ta finesse de plume décrit avec beaucoup de sensibilité ces ombres que nous avons tous...
Pour ce qui est de la forme, la double rime est fort agréable à lire...
Bien à toi,
Sophie.

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"Cependant c'est le seul qui ne me paraisse pas ridicule. C'est, peut-être, parce qu'il s'occupe d'autre chose que de soi-même."A.de Saint-Exupéry.

"Le chemin vers le bonheur : gardez votre coeur libre de haine, votre esprit libre de tout souci. ...

Un bien joli poème que j'ai aimé lire merci

un poème qui ressemble beaucoup à une période de ma vie

Je vous remercie tous trois de m'avoir lu et de me donner votre impression...

C'est magnifique Melenea tous ces :

"Aux abîmes jetés en collier sur nos cous"
"Remonter jusqu'à nous ces vampires de vie ?"
"Aspirant nos trépas aux coloris sanglants"

mais je ne vais pas tout citer quand même !

Pour la forme, ces rimes à l'hémistiche renforcent ton propos.
Pour le fond, toutes ces ombres en nous agitées, que
tu fais bruire.
A nouveau, je suis envoûté à la relecture.

bonsoir,

rejoins Claude pour la forme et l'idée qu'elle génère.
c'est certainement très simple à faire quand on s'appelle melenea!

j'aime votre penchant pour le troisième personnage, une suggestion du temps suspendu pour observer ce que l'on ne prend pas le temps de voir.

peut etre l'osmose des deux déjà présent.

un style à vous fait de réverbérations, ces ombres de vos textes sont votre inspiration.

bravo.

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" Le secret de ma tristesse est dans la vivacité de mon plaisir "