Bravant les flots furieux sans cesse se brisant
Rongé par les lichens qui font des plaques oranges
Ses longs doigts de grès rouge érodés par les ans
Fréhel, un coin d’enfer déserté par les anges.
Sous un ciel gris et bas où les nuages fuient,
Sous le vent qui les chasse, échevelés, livides,
Déversant sur la lande des torrents de pluie,
Les pas du promeneur s’arrêtent au bord du vide.
Vers des gouffres insondables où vient rugir la mer
La falaise s’effondre en marches de géant
Souillées d’écume sale, crachat des flots amers
Qui se tordent et hurlent au pied de trous béants.
Un ogre dort en bas et de sa bouche affreuse
On peut voir émerger des chicots acérés
Encore tout tachés du sang des malheureuses
Qui furent englouties par le monstre affamé
Pas de bleu, pas d’espoir en cette fin de terre
Enfoncée comme un coin dans la mer moutonnante
Et que le vent glacé laboure de ses serres
Secouant les buissons cramponnés sur ses pentes.
Fréhel, la fin d’un monde et l’ultime défi
Qu’une vieille montagne aujourd’hui délitée
Lance à Neptune qui patiemment l’investit
Rongeant sans se lasser ses pieds ensanglantés.
Le 11 janvier 2005
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)