« UN PETIT CURIEUX ! »
Eh oui ! Je vous espionne et je suis bien caché !
Toutes vos simagrées, toutes vos messes basses…
De ma planque attitrée, le corps bien relâché,
J’observe tout mon monde et tous les gens qui passent.
Dès les premiers rayons je suis là , sentinelle
De vos pas fatigués qui mènent au travail,
Des petits galopins allant en maternelle,
De la belle d’en face enfilant son chandail…
J’entends tous les ragots, à l’heure du laitier,
Colportés, de sang froid, par les petites vieilles
Qui doivent s’ennuyer…. Crapauds de bénitier…
Patati...Patata… quand elles s’ensoleillent.
J’aime le vendredi, pour moi c’est jour de fête,
Quand avec la marée revient le poissonnier.
Là je n’hésite pas, bondis vers l’estafette,
Le brave homme, c’est sûr, est un grand cantinier !
J’adore aussi le soir. La rue est dans la nuit.
J’entends et vois parfois d’un regard impudique
Flirter les tourtereaux puis, quand sonne minuit,
J’observe leurs adieux à l’heure fatidique.
C’est alors que d’un bond je quitte ma guérite,
Puis en rasant les murs, encor tout attendri,
Je file dans les prés, draguer ma favorite,
Car j’aime aussi croquer ma petite souris.