Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
86 utilisateur(s) en ligne (dont 71 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 2
Invité(s): 84

jugurtha, Sphyria, plus...
Choisissez
Mélodie ma petite fille
Hébergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Poèmes d'auteurs
     Rimbaud --- Les déserts de l'amour
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
The_End
Envoyé le :  18/10/2009 0:23
Plume d'or
Inscrit le: 5/2/2008
De:
Envois: 597
Rimbaud --- Les déserts de l'amour
C'est certes la même campagne. La même maison rustique de mes parents : la salle même où les dessus de porte sont des bergeries roussies, avec des armes et des lions. Au dîner, il y a un salon avec des bougies et des vins et des boiseries rustiques. La table à manger est très grande. Les servantes ! Elles étaient plusieurs, autant que je m'en suis souvenu. — Il y avait là un de mes jeunes amis anciens, prêtre et vêtu en prêtre, maintenant : c'était pour être plus libre. Je me souviens de sa chambre de pourpre, à vitres de papier jaune ; et ses livres, cachés, qui avaient trempé dans l'océan !
Moi j'étais abandonné, dans cette maison de campagne sans fin : lisant dans la cuisine, séchant la boue de mes habits devant les hôtes, aux conversations du salon : ému jusqu'à la mort par le murmure du lait du matin et de la nuit du siècle dernier.
J'étais dans une chambre très sombre : que faisais-je ? Une servante vint près de moi : je puis dire que c'était un petit chien : quoique belle, et d'une noblesse maternelle inexprimable pour moi : pure, connue, toute charmante ! Elle me pinça le bras.
Je ne me rappelle même plus bien sa figure : ce n'est pas pour me rappeler son bras, dont je roulai la peau dans mes deux doigts ; ni sa bouche, que la mienne saisit comme une petite vague désespérée, minant sans fin quelque chose. Je la renversai dans une corbeille de coussins et de toiles de navire, en un coin noir. Je ne me rappelle plus que son pantalon à dentelles blanches. — Puis, ô désespoir, la cloison devint vaguement l'ombre des arbres, et je me suis abîmé sous la tristesse amoureuse de la nuit

Cette fois, c'est la Femme que j'ai vue dans la ville, et à qui j'ai parlé et qui me parle. J'étais dans une chambre sans lumière. On vint me dire qu'elle était chez moi : et je la vis dans mon lit, toute à moi, sans lumière ! Je fus très ému, et beaucoup parce que c'était la maison de famille : aussi une détresse me prit ! j'étais en haillons, moi, et elle, mondaine, qui se donnait ; il lui fallait s'en aller ! Une détresse sans nom, je la pris, et la laissai tomber hors du lit, presque nue ; et dans ma faiblesse indicible, je tombai sur elle et me traînai avec elle parmi les tapis sans lumière. La lampe de la famille rougissait l'une après l'autre les chambres voisines. Alors la femme disparut. Je versai plus de larmes que Dieu n'en a pu jamais demander.

Je sortis dans la ville sans fin. O Fatigue ! Noyé dans la nuit sourde et dans la fuite du bonheur. C'était comme une nuit d'hiver, avec une neige pour étouffer le monde décidément. Les amis auxquels je criais : où reste-t-elle, répondaient faussement. Je fus devant les vitrages de là où elle va tous les soirs : je courais dans un jardin enseveli. On m'a repoussé. Je pleurais énormément, à tout cela. Enfin je suis descendu dans un lieu plein de poussière, et assis sur des charpentes, j'ai laissé finir toutes les larmes de mon corps avec cette nuit. - Et mon épuisement me revenait pourtant toujours.

J'ai compris qu'elle était à sa vie de tous les jours ; et que le tour de bonté serait plus long à se reproduire qu'une étoile. Elle n'est pas revenue, et ne reviendra jamais, l'Adorable qui s'était rendue chez moi, - ce que je n'aurais jamais présumé. - Vrai, cette fois, j'ai pleuré plus que tous les enfants du monde.


----------------
... nous faut-il nourrir nos rêves et les réaliser aussi ?

Louandrea
Envoyé le :  18/10/2009 10:58
Plume d'or
Inscrit le: 12/6/2009
De:
Envois: 1618
Re: Rimbaud --- Les déserts de l'amour
Mon Amour,

Te relire ici en SES mots, mots-prêtrise, mots-abominablement beaux, m'est délice et frisson.

Oui, les tours de bonté sont plus longs à se reproduire qu'une étoile, et nous versons tous, chaque fractale d'éternité ou de seconde, plus de larmes que Dieu n'a jamais pu offrir ou demander.

Mais chaque rencontre est amandier, chaque désert est verdoyance, il suffit de l'étincelle d'un seul regard, ou d'un seul mot-et, entre toi et moi, cela a été un de TES mots sur l'un de MES poèmes, il y a un an, il ya un siècle...-pour donner vie aux pierres, pour redonner souffle aux pneumas asséchés.

J'ai respiré en toi, mon Amour. Tu as su éveiller en moi toutes ces femmes sans jamais croiser le fer de nos regards, par la seule connivence de nos esprits, par la seule puissance de désirs et de tendresses, par l'imagination. J'ai été la servante et la femme maternelle et la mondaine, et toi l'éphèbe en feu, le démon angélique, l'enfant et le vieillard, tous les hommes que j'aurais voulu aimer et que, avant toi, je n'avais rencontrés.

Elle est longue, l'histoire, avec ses pleins et ses déliés, ses silences et ses offenses, ses ardeurs et ses levants, ses nuits chuchotis et ses opales douces, et elle est en ce moment dans les méandes de ma plume, prête à éclore pour tous, sous la forme d'un récit, mais surtout elle est à venir, avenir, et elle est retrouvée: l'Eternité.

Des déserts, mon amour, tu en traverseras, tu y mourras brûlé vif au feu de la jalousie ou de tes solitudes, mais chaque femme aimée ou aimante te seras renaissance, et un jour, je te le souhaite, il y aura le cri du premier fruit de votre amour, et tu comprendras que le sens de la vie est aussi dans cette transmission, dans cet héritage, je te souhaite, de toute mon âme, connaître cette mission, oh Capitaine, mon Capitaine.

Tes Marquises ont été miennes, le sont encore, et tu sais que je serai toujours l'horizon, quoique tu fasses, où que tu sois, et que mon port t'es ancrage.

Tu "l'"aimes, en ce moment, mais continues à "me" parler, en nuits, en jours, en signes qui sont autant de passerelles, et tu sais que je t'attends, puisqu'aujourd'hui il n'y a plus de chambre illicite, juste la liberté, liberté d'oser, d'oser se regarder, sans doute jamais se toucher, mais au moins se voir, s'entendre, se parler vrai, s'aimer.

Je t'aime. En orages et en déserts, en silences et en multitudes, en attentes et en complétudes. Malgré l'impossibilité d'une vie partagée, à cause de ce défi de l'impensable, grâce à nos perceptions des immenses.

Ta Rose, pour toujours.


----------------
Mes sites web:

http://linktr.ee/sabine_aussenac

Lou, aux nuits rossignol...

quasimodo
Envoyé le :  19/12/2009 0:50
Plume d'or
Inscrit le: 24/9/2008
De: la plaine au pied de la montagne
Envois: 566
Re: Rimbaud --- Les déserts de l'amour
Un amour sublimé comme seuls savent le faire les trés grands poètes.


----------------
Tout ce qui ne tue pas rend plus fort.

Nietzsche

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster