Ma grand-mère. (Hommage à titre posthume à ma grand-mère)
Ma grand-mère
D’origine musulmane
Était une paysanne
A l’allure preste
Et la démarche leste
Elle était une écuyère de talent
Papillon était son étalon
En tant que bonne jardinière
Son verger était tout le temps vert
Et grâce aux recettes de ses aïeux
Elle avait fini par devenir un cordon bleu
Ma grand-mère
De son défunt mari était une riche héritière
Aperte de vue s'étendaient ses terres
Son cheptel était important
Son capital rassurant
Elle était analphabète.
Sans pour autant être bête
Car elle connaissait le secret des plantes
Ses patients et patientes
S’impatientaient dans la file d’attente
Elle était toute contente
Ma grand-mère
Des gynécologues elle n’avait point connu
Dans sa modeste chaumière en argile conçue
De gaieté de cœur elle avait enfanté sept enfants sans gêne
De son breuvage de la vie ils ont en tous bu
Et avaient tous grandis sous son défendu
Ce qui lui vaudra peut-être une place à l’éden
Elle n’avait jamais porté de pantalons
Ni chapeaux ni jupes ni souliers à talons
Son préféré trousseau c’était des gandouras en coton
Des mocassins en cuir des châles d’orient
Du déodorant au remugle de jasmin des bijoux
Qu'elle entreposait dans un splendide coffret en acajou
Cadeau de mariage de son défunt prince charmant
Et qu'elle affectionnait passionnément et jalousement
Ma grand-mère
Etait une lionne
Son couvre-chef chef d’œuvre artisanal
Un turban noir en tissu tergal
Etait sa couronne
Son visage enjolivé par un magnifique tatouage
Qui était en ces temps là , le préféré maquillage
La désignait reine des femmes de son entourage
Quelques soient leurs rangs et leurs âges
Elle était une révolutionnaire à sa manière
Ses inoffensives armes étaient ses prières
Son combat la paix sempiternelle
Les pacifistes étaient ses fidèles
Ma grand-mère
Les crues des oueds les vents et leurs rafales
Les pluies diluviennes l’hiver rigoureux et Les orages
La chaleur ardente du soleil la foudre et le tonnerre en rage
Les sangliers les vautours et les chacals
Ne sont pas parvenus à la mettre à genoux
Seul son cent deuxième printemps en est venu à bout
Ma grand-mère
Etait appréciée respectée et aimée
Sa demeure était une maison de charité
Son souhait vivre dans un monde rayonnant
De liberté et de fraternité sans tourments
Aujourd’hui je la dévoile à travers sa magnifique toile
Que j’apprécie au même titre que la lune et ses étoiles
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Celui qui éprouve du dégoût pour un arbre, ne doit pas profiter de son ombre.