QU’UN REVE

Sous les paupières vertes des sous bois,
Des yeux rouges sucrés m’attendaient.
Au bout des abricotiers fins aux longs doigts,
Des lèvres orange satinées se tendaient.

Assis sous les cheveux tombants d’un grand pêcher,
J’ai souris aux belles joues pulpeuses à boire.
Agrippé dans les filets d’un roncier aiguisé,
J’ai réussi à dérober les perles noires.

Dans les dortoirs aux travées rectilignes,
Les poiriers juteux m’ont mis la tête à l’envers.
Dans les couloirs des sentiers entourés de vignes,
Je descends heureux au bord de la rivière.

Sur la toile voûtée noircie de crasse,
Les nuages en transe forment des rondes.
Le ciel craque, se déchire, et se casse.
Soudain c’est la puissance du tonnerre qui gronde.

Montent dans la plaine en furie,
Les hurlements tragiques du peuple des peupliers.
Chantent aussi dans les petits bois interdit,
Les complaintes lyriques des feuilles « enchênées ».

Les bouleaux ont stoppés leur travail lancinant,
Et les saules se sont arrêtés de gémir.
Plus rien ne bouge la nature est en suspend,
L’orage arrive et tout va frémir.

Je cours pour me mettre à l’abri,
J’ai peur ! J’ai de la fièvre.
J’ouvre les yeux, je suis dans mon lit,
Je suis en sueur, ce n’était qu’un rêve.

Le rêve reflète souvent le geste interdit par la réalité, j'aime bien la chute à la fin...

un très joli rêve , de belles images