Le lendemain, toujours en compagnie de Cathy, Carole réunit tous les habitants du village afin de s’excuser de son comportement de ces derniers jours, et leur expliquent sa nouvelle vision du monde, ses souvenirs et ses obligations vis-à-vis de son fils. Elle demande à Cathy de confirmer son engagement, déjà donné, pour veiller sur les biens d’Édouard, qui lui reviennent en partie, tandis que l’autre est consacrée à la pérennité du village. Ynats, le chef de cette tribu, avec le coeur gros, prend Carole puis Cathy dans ses bras pour les rassurer et les remercier de leur confiance. Quelques jours passent encore, le temps pour Carole de rassembler tout ce qu’elle souhaite emmener. Le jour du départ arrive enfin, toute la population est réunie pour lui souhaiter un bon voyage et bonne chance. Cathy a pris le volant, tandis que Cyzeck, Yuna et Carole font au-revoir. Avant de reprendre l’enseignement, dans les classes du village, que Carole leur a confié, Cyzeck et Yuna accompagnent les deux femmes, et pourront ainsi ramener la voiture d’Édouard, indispensable aujourd’hui à leur survie, et nécessaires pour suivre, dans la ville voisine, les quelques heures d’études auxquelles Édouard les avait inscrits pour améliorer leurs connaissances.

Au fond d’elle, Carole appréhende son retour en France et ses retrouvailles avec Marc, en plus son cœur s’emballe dès qu’elle s’imagine prendre David dans ses bras. Elle n’en oublie pas Édouard pour autant, mais elle espère un nouveau bonheur auprès de son fils. Les semaines qui suivent paraissent une éternité pour Carole, qui vit chez Cathy, en attendant la régularisation de ses papiers pour le voyage. Cathy aurait aimé partir avec elle, mais elle ne peut quitter sa famille du jour au lendemain, et le village peut lui aussi avoir besoin d’elle. Même si l’entretien de la maison a été confié à Manyva, il lui faudra y retourner de temps en temps, ne serait-ce que pour retrouver la mémoire d’Édouard dans ces lieux qu’il a tant aimés. Cathy, qui s’est occupée de tout, en présence de Carole, comme le change de quelques pierres en argent français, prend cependant quelques jours pour l’accompagner jusqu’à l’aéroport. Malgré sa peur et ses hésitations, Carole a cédé à Cathy et a accepté de faire le voyage en avion, et non par bateau.

Ce n’est pas sans peine que les deux femmes se séparent. Les deux grands sacs de Carole sont déjà dans l’avion, tandis qu’elle embrasse Cathy, lui promettant de lui envoyer ses coordonnées dès que cela sera possible, et l’assurant de revenir plus tard avec son fils. Ces promesses au cœur, Cathy attend de voir disparaître l’avion avant de retourner prendre l’hélicoptère qui la ramènera chez elle. De son côté, Carole retrouve son énergie et se persuade d’une certaine assurance pour faire face à tous ceux qui la croient définitivement disparue. Elle s’inspire des différentes coiffures et tenues, portées par les femmes qui l’entourent sur ce vol, afin de se préparer à ses prochaines rencontres. Elle comprend ainsi qu’elle doit se laisser un peu de temps avant de se présenter devant son fils. N’ayant pas connaissance de tout ce qui a pu se passer depuis qu’elle est partie, elle pense dans un premier temps prendre une chambre pour poser ses bagages, et faire quelques boutiques afin de se trouver des tenues classiques, car elle se rend compte que ses vêtements ne sont pas dans le style de celles avec qui elle voyage, et que ses cheveux qu’elle a laissé pousser, et tressés chaque jour, ont besoin de soins.

Perdue dans ses pensées, Carole ne voit pas le temps passer, aussi est-elle surprise quand l’avion se pose sur le sol français. Son cœur s’affole un peu de savoir qu’elle n’a jamais été aussi près de revoir son enfant. Elle se souvient de lui tout petit, seulement il a atteint la majorité aujourd’hui, et à nouveau les mêmes questions reviennent la hanter et la culpabilisent :

« - Comment va-t-il réagir ? Comment va-t-il se comporter avec moi, moi qui suis partie, le laissant si petit sans l’amour de sa maman ? »