Cathy comprend qu’un drame se joue dans la tête de Carole, alors elle se met à sa poursuite et tente de la rattraper. Elle l’appelle plusieurs fois, mais en vain, puis elle s’apprête à revenir chercher de l’aide quand elle entend un bruit d’eau. Affolée, elle se précipite au petit lac et n’attend pas pour y plonger. Elle en retire Carole, complètement paniquée, qui avait décidé de se laisser couler au fond.

« - Mais que fais-tu ? Tu n’as pas le droit de te laisser aller, Édouard compte sur toi…

- Je n’avais pas le droit, balbutie Carole en crachant l’eau qu’elle venait d’avaler… Je n’aurais jamais du… papa va m’en vouloir…

- Tu te souviens de ton père ? Et de quels autres souvenirs te rappelles-tu ?

- Je sais tout, sanglote Carole, je voudrais mourir, aller rejoindre mon père, qu’il me pardonne… Lui dire que je ne suis plus celle qu’il a connue…

- Je suis désolée Carole, je ne savais pas qu’Édouard était parti retrouver ton père, mais ne t’inquiète pas, il va tout lui expliquer, et ton père comprendra…

- Non, tu ne sais rien… J’étais déjà mariée… J’ai… J’ai un enfant… s'écrie Carole avec rage... Comment lui expliquer ? Demande t’elle paniquée.

Devant cette confession Cathy ne trouve plus les mots, elle n’a pas les réponses, alors elle prend Carole dans ses bras et la serre fort contre elle.

- Je dois absolument partir pour lui dire que je ne suis pas morte, que sa maman est toujours là pour lui… Toutes ces années perdues !... Que va-t-il penser de moi quand il va me voir ? Il va m’en vouloir de ne pas être revenue plus tôt vers lui ? Je ne l’aurai pas vu grandir, et aujourd’hui, il doit être presqu’un adulte ! Il ne fallait pas que je m’arrête ici, j’aurais du continuer ma route avec mes premiers compagnons de voyage… Je regrette… Je regrette…»

Cathy trouve les paroles de Carole très dures, vis-à-vis de ce qu’elle vient de vivre avec Édouard, mais elle lui pardonne ses regrets, car qui mieux qu’elle puisse comprendre qu’une maman ne supporte pas de perdre un enfant. Aussi, elle ne dit rien, aide Carole à se relever et, sans la lâcher, la ramène à la maison. Elle ramasse la lettre d’Édouard sur le chemin du retour, la pose sur le meuble d’entrée, et accompagne Carole à l’étage.

En montant l’escalier, Carole, qui n’avait plus ouvert la bouche jusqu’ici, et dont les images du passé se font de plus en plus claires, se confie à nouveau :

« - Tu sais Cathy, explique t'elle les yeux pleins de larmes, le trésor des Yrouanes, c’est le trésor de papa… C’est ce qu’il était venu chercher… Si il savait!... Les fouilles ne doivent pas être très loin d’ici, si la grotte est à quelques semaines de marche ! Et je suis la seule survivante de l’avion… Non, il y avait Hubert aussi, le pilote... Il avait été ramené par les premiers indiens, mais il n’a pas survécu à ses blessures, et pourtant il m’a beaucoup aidée... Mais pourquoi personne n’est-il venu nous chercher après l’accident ? Je ne comprends pas qu'on puisse ainsi disparaître !...