Une voix, léger chant d'oiseau s'insinua,
S'échappa, sortit d'un petit coffret en bois
Obscur, et soigneusement refermé à clé :
" Pandore, pourquoi ces pleurs qui gouttent à tes pieds ?
Pourquoi ces larmes verser ?
En ouvrant ce coffre, tu as tenté vainement de protéger
Des malheurs, cela est vrai,
Mais tu as oublié l'espoir qui y était. "
Les yeux de Pandore brûlèrent de mépris,
Un feu de mots harcela le coffre surpris.
"Quand les épidémies sortaient de la prison,
Elles avaient la forme de simiesques dragons,
Chacun répondant à leur sinistre prénom : mort, peste, maladie, guerre,
Aveuglés de leur quête meurtrière,
A travers le monde et les mémoires des gens blessés.
J'ai ouvert la boîte et ai été complètement dupée.
Mais toi, qui es-tu donc, vil reptile trompeur ?
Crois-tu que je te laisserai partir sur l'heure ?
Si c'est la fin du monde qui chante tout bas,
Moi, je te garderai dans ce coffre de bois."
" Ne me garde pas sous prétexte que tu ne me connais pas.
Je suis ce que les hommes ont en eux sans qu'ils le sachent.
Libère-moi ! "
" Mais si, comme tu le dis, tu sommeilles en moi,
Quel avantage aurais-je à te laisser sortir ?
Je ne sais pas comment, je te possède déjà ,
Alors, laisse-moi souffrir !
" Je ne te fais souffrir.
Je peux te donner espoir
Et malgré tout cela te faire sourire.
J'habiterai l'homme par delà les cieux
Sans pour autant réfléchir pour deux."
Pandore se décida enfin à poser
Ses doigts délicats sur la serrure fermée,
Ensuite s'écarta prestement du coffret
Pour ne point regarder ce qu'elle déclanchait.
C'est ainsi que la lumière sortit de la boîte,
Ouvrit les coeurs à l'espoir.
Son regard se complétait
Dans ceux des humains.
Maintenant les hommes
Ne vivront plus dans leur néant,
Et le chagrin de Pandore put s'effacer.
Bien qu'ell' subit, comme tous, les malheurs simiesques
Elle figurera dans nos mémoires
Comme le bras droit de l'espoir.
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"Je est un autre."
Arthur Rimbaud