Comme Ă©vanoui
Ah ! qu’ai je donc bu à votre sein flatteur
Quand mes songes gravissaient votre beauté,
A ce temps qui s’enfuyait moqueur,
Où sous vos mains, de lui, je m’étais évadé.
Vous vous attardiez languissante et belle,
Maladroite mais délicieuse à la fois,
Repoussant ce qui s’approchait du ciel
Pour qu’ensemble nous franchissions le pas.
Ah ! qu’ai je donc pris de vos soupirs attardés
Quand j’allais aux géométries mouvantes,
Venant inspiré, englouti, mais aimé,
Je venais mourir, vous vous faisiez mendiante.
J’avais entrevu, de notre couche, nos désirs,
A la pénombre que vous aviez faite clandestine
Où d’aveugles fenêtres s’ennuyaient à mourir
Inventant avec force quelque ombre divine
Votre regard délaissé aux délices de vos plaintes,
Je voyais les douleurs d’un désir pesant,
Ce divin étrange, bâillonnant vos craintes,
Celui de n’être plus un seul jour votre amant.
Votre corps fut si lourd, comme infiniment Ă©vanoui,
Qu’à l’ébauche d’un murmure de votre intimité
Je ne voyais plus qu’un seul paradis,
Celui du vertige de votre nudité.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie. ( Ch. Baudelaire )