Remontant la vallée qui mène à l’Iseran,
On quitte l’Arc fougueux qui bouillonne au printemps.
Sous le râteau d’Aussois, un vallon glaciaire
S’ouvre vers la Vanoise, c’est la porte d’Orgère.
Dans la haute prairie, si calme et si sereine,
Un clair ruisseau serpente et court sur les moraines.
Les trolles jaune vif fleurissent, en se mĂŞlant
Aux narcisses blancs purs, au liseré de sang.
Sur les bords des chemins, dans les fossés ombreux,
La digitale jaune, aux doigts mystérieux,
L’orchis, aux corolles de pourpre maculées,
Voisinent avec des prêles aux tiges annulées.
Les rhododendrons nains, en massifs Ă©clatants,
Sur les blocs éboulés, tapissent les versants
Que, vifs et chamailleurs, hantent les bouquetins,
Au milieu des névés brillant au clair matin.
Dans les chaos rocheux où pousse l’épervière,
Les marmottes se font l’école buissonnière,
Se promenant partout, furetant pour manger,
Surveillant au plus loin l’arrivée du danger.
Parfois, un sifflement crie qu’un péril arrive,
Et puis on voit passer la grande ombre furtive
De l’aiglonne dorée, qui chasse sans répit
Pour pouvoir apporter une proie au petits.
Elle s’en va, portée par ses ailes immenses,
Vers le pic du Doran, montant avec aisance
Les pentes inviolées où se cache son aire,
Sur un large balcon de schiste aréolaire.
Le calme revenu, quelques chamois timides
S’en viennent pâturer sur les prairies humides,
Au milieu des lychnis et des centaurées bleus,
Evitant le vératre blanc, si vénéneux.
Il sautent et se poursuivent, gais et toujours joueurs,
Mais la journée s’avance et de roses lueurs
Annoncent que le jour va bientĂ´t se coucher.
Le troupeau part alors sur les rocs se jucher.
Le silence revient et la vallée s’endort.
Les marmottes rentrées, rien ne bouge dehors.
Seul le ruisseau s’écoule et court en babillant,
Reflétant de la lune le disque d’argent.
Le 15 novembre 2005
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)