Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
113 utilisateur(s) en ligne (dont 88 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 1
Invité(s): 112

Selenia, plus...
Choisissez
Bonne journée à vous
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Vos poèmes ***UN SEUL PAR JOUR*** Les "poèmes" Ă©rotiques descriptifs ne sont pas les bienvenus sur ce site
     ÉlĂ©gie : la guerre (InspirĂ©e de la dixième Ă©lĂ©gie de Tibulle)
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
Yosri l'Enchanteur
Envoyé le :  8/7/2009 14:59
Plume d'or
Inscrit le: 5/3/2008
De: Tunisie
Envois: 1238
Élégie : la guerre (Inspirée de la dixième élégie de Tibulle)
Élégie : la guerre
Ô, maudit soit le jour ou l’épée fut forgée !
Où l’on vit de toutes parts la Guerre enragée
Aux hommes barbares dicter ses terribles lois !
Ă”, dieux, tout Ă©tait calme et paisible autrefois,
Les bergers erraient comme les oiseaux errent,
En chantant des hymnes à la nature qu’ils vénèrent,
Sous le soleil, sous les Ă©toiles, aux champs, aux bois,
En bénissant doucement tout ce que votre œil voit !
La nuit, tout s’endormait dans une paix profonde,
Comme un enfant bercé par le bruit des ondes
Et par les murmures si langoureux des vents
Sur le sein maternel s’endormait en rêvant !
L’univers infini n’avait point de bornes ;
Dans le cœur serein de l’homme la haine morne
Comme dans une coupe, ne versait point son poison,
Et le bonheur était frère de la Raison.
Nul vain artifice n’embellissait la femme
Et l’or aux hommes ne montrait point sa flamme ;
Tous les hommes étaient frères et aimaient les rayons
Et le blé tombait dans les fertiles sillons
Que les dieux bénissaient, et nourrissait les hommes.
Rome aimait le monde et le monde aimait Rome,
Car le flambeau de la Paix brillait dans sa main.

Aujourd’hui, ô, folie, barbarie des humains !
L’univers saigne comme une vaste blessure
Et partout les hommes brandissent des armes impures
Contre leurs frères que les dieux ont enfantés.
Partout l’on voit fleurir l’humaine cruauté,
Rose meurtrière dont les épines blessent ;
Partout, moqueuse, la haine raille la faiblesse
Et l’Amour pleure avec sa sœur, la Pitié.
Ô, obscure fureur, sombre inimitié !
Rougissez, Ă´, mortels ! Rougissez de vos fautes !
La chute est plus terrible quand la cime est plus haute !
Ô rois de ce monde, modérez ce courroux,
Les peuples ne sont point faits pour souffrir votre joug !
Tout doit obéir à vos lois criminelles,
Mais l’oiseau quand vous passez ne ploie point son aile,
La mer, quand vous passez, n’arrête point son cours
Et, quand vous passez, l’on ne verra point le jour
Pour vous honorer, se cacher dans les nuées !
Ô, regardez cette mer par les vents remuée,
Regardez ce soleil qui se lève, radieux,
Vous ĂŞtes si petits, Ă´, rois, tremblez des dieux !
Mais vous n’écoutez rien dans votre colère,
Insensés ! Par vos guerres farouches vous pensez plaire
Aux hommes qui vous craignent et ne vous aiment point,
Ă€ vos ancĂŞtres qui pour vous voir sont trop loin
Et aux dieux qui créèrent le monde dans l’harmonie !
Courez sans moi à la guerre, à l’ignominie !
Que l’on me laisse ici ! Je ne veux point courir
Ă€ vos guerres, et pour que vous viviez mourir !
Du sang de son ennemi, qui est aussi son frère,
Tibulle ne veut point ensanglanter la terre.
Qui sait ? Peut-être qu’un guerrier porte en tremblant
Le trait empourpré qui doit rester dans mon flanc ;
De la guerre cruelle nul ne sait les ruses.
Moi je veux, près de mes Lares et de ma Muse
Demeurer, calme, ici. La nuit sereine viendra
Paresseuse et bénie, appesantir mes bras
Fatigués du labeur du jour et des choses
Dont l’ombre, propice à tous les hommes, me repose ;
Le vin parfumera ma table et dans mon cœur
Comme dans mon gosier, versera ses liqueurs,
Ma lyre chantera, ma terre sera féconde,
Et vous, guerriers, allez Ă  la bataille immonde !
Puisque vos rois sont vos dieux, pour leur obéir
PĂ©rissez, Ă´, vaillants ! Courez pour assaillir
Tous vos ennemis ! Qu’on vous honore dans ce monde,
BientĂ´t, dans les ombres vastes que nul ne sonde,
Avec Sisyphe, avec Tantale, avec Ixion,
Vous errerez, loin du soleil aux doux rayons !
Au royaume d’Hadès vous verrez Cerbère
Et sur le Styx brûlant le nocher de pierre,
Vous sourire et vous dire : « Frères, venez périr ! »
Moi je verrai, loin de vous, mes cheveux blanchir,
Et je mourrai dans ma paisible chaumière
Comme vous périrez dans l’ombre, dans la lumière,
Entouré de mes fils et de mes filles aussi,
Soleils qui rayonnent dans l’ombre qui s’épaissit
Dont les pleurs mouilleront, doux, ma barbe chenue.

Car la Paix paresseuse dans ce monde est venue
Pour dire aux hommes : « Vivez, aimez, tout appartient
À l’homme qui s’endort, paisible, et qui n’a rien ! »
Portez le bouclier, ce fardeau ignoble,
Moi, près de mes brebis et de mes vignobles,
Je demeurerai, sans songer Ă  vos combats,
Au guerrier qui tombera, au guerrier qui tomba !
Ma Délie est ici. Je ne veux plaire qu’à elle.
Je l’aimerai, et vous, aimez vos querelles.
Je l’embrasserai, et vous, embrassez vos fers.
Pour rendre hommage à ces grâces, je chanterai des vers,
Et vous, rugissez comme des lions qu’on irrite
Devant la Mort qui au bûcher vous invite !
Oubliez Tibulle, car il vous a oubliés.
Frappez, guerriers furieux, vos ennemis humiliés,
Ă€ ma DĂ©lie je ne donnerai que des caresses
Et ma lyre rĂŞveuse bercera sa paresse.

Ă”, douce Paix ! Viens dans ce monde rayonner
Et, comme Tibulle, plains ces hommes damnés,
Qu’ils aiment comme j’aime, que la haine obscure
N’aveugle plus leurs yeux et leurs âmes impures !
Viens, ô, paix ! Rayonne dans ce monde épouvanté,
Mère de cet univers, veille sur sa santé,
Et fais tomber, comme l’arbre de sa branche,
Quand tu passeras, des fruits de ta robe blanche.
GALIA
Envoyé le :  8/7/2009 15:04
Plume de platine
Inscrit le: 28/10/2007
De: ici ou lĂ 
Envois: 4524
Re: Élégie : la guerre (Inspirée de la dixième élégie de Tibulle)
Ton texte , truffé de références historiques et littéraires me fait penser à:

"Depuis six mille ans, la guerre
Plaît aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps Ă  faire
Les Ă©toiles et les fleurs"
V. Hugo

J'aime beaucoup ton ultime exhortation Ă  la Paix.



----------------
Il n'y a pas de chemin qui mène au bonheur....
....le bonheur est le chemin.

PAPILLON94
Envoyé le :  9/7/2009 3:34
Plume de platine
Inscrit le: 2/5/2009
De:
Envois: 2419
Re: Élégie : la guerre (Inspirée de la dixième élégie de Tibulle)
du grand art.....magnifique

merci


----------------

crisroche
Envoyé le :  9/7/2009 18:09
Plume de diamant
Inscrit le: 27/7/2008
De: RĂ©sistance
Envois: 13522
Re: Élégie : la guerre (Inspirée de la dixième élégie de Tibulle)
Pour un peuple conquérant, les romains ont su célèbrer la paix et condamner les guerres, comme tu le fais très bien; J'ai un peu oublié, mais je retrouve:
1. La nostalgie d'un âge d'or, sans guerre

L'Ă©vocation d'un monde pastoral idyllique

L'Ă©vocation des Enfers

La condamnation de toute forme de violence

Une folie collective ou individuelle et l' appel Ă  la paix
Les conseils d'un expert en amours ! second appel Ă  la paix

La sincérité du ton (Tibulle est concerné personnellement), malgré l'utilisation de moyens rhétoriques très traditionnels.

On ne peut que constater, malheureusement, l'actualité du thème qui nous concerne.
Bravo.



----------------

New_Born
Envoyé le :  20/7/2012 15:30
Plume d'or
Inscrit le: 21/8/2009
De: 17 DĂ©cembre, dans ma spirale
Envois: 807
Re: Élégie : la guerre (Inspirée de la dixième élégie de Tibulle)
je trouve votre poème d'une rare beauté et d'une grande sagesse surtout quand vous revendiquez la guerre, le mal que sème l'homme contre ses frères
Et à mon humble avis, le mal est originel comme le bien, ils sont créés par dieu en même temps dans le coeur de l'homme, parce que l'un ne peut exister sans l'autre. le surprenant est qu'ils font partie intégrante de la nature humaine

Abel et CaĂŻn
capar LĂ©on-Pamphile LE May

La terre verdissait, qui venait d'Ă©merger
Des primitives eaux. L'antre au sombre orifice
Était, en ces jours-là, son unique édifice,
Et l'homme vagabond y pouvait héberger.

Or, deux frères vivaient : un semeur, un berger.
Ils offrirent Ă  Dieu le premier sacrifice.
Le berger fut béni. L'autre, usant d'artifice,
L'attira sur son coeur afin de l'Ă©gorger,

La terre qui grandit dans la magnificence,
S'enivre encore, hélas ! du sang de l'innocence,
Et garde la blessure ouverte dans son sein.

Et le bien et le mal seront toujours en lutte ;
Et les derniers enfants de la dernière hutte
Seront peut-ĂŞtre encore un Abel, un CaĂŻn.


----------------

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster