Je t’emmènerai....
Je t’emmènerai loin des rumeurs inutiles,
Des soucis quotidiens et des labeurs futiles.
Je t’emmènerai loin d’un monde songe-creux,
Où pouvoir et profit priment sur être heureux.
Tu viendras avec moi voir les anses perdues,
Où personne ne va, que quiconque n’a vues,
Au début du printemps, quand le grand gravelot
Vient rechercher ses proies tout à l’orée des flots.
Tu viendras avec moi voir les lacs bleus nichés
Dans les cirques abrupts, tels saphirs enchâssés.
Tu goûteras alors le calme et le silence
Et tu entendras ce que la montagne pense.
Tu viendras avec moi dans la haute futaie,
Où les troncs centenaires te conteront la vraie
Histoire de Merlin, quand les brumes d’automne
Voilent les frondaisons dont le roux nous étonne.
Tu viendras avec moi au cœur des grands marais,
Où le butor mugit et ensuite se tait,
Invisible, introuvable oiseau mystérieux ,
Qui dans la roselière se cache à nos yeux .
Tu viendras avec moi dans le creux de la terre,
Dans les gouffres où l’on voit fleurir les fleurs de pierre,
Concrétions fragiles et salles étincelantes
De cristaux merveilleux aux teintes chatoyantes.
Tu viendras avec moi, et puis tu oublieras
Tes chagrins et tous ceux qui te narguent ici-bas.
Tu oublieras le monde, matériel et dur,
Et tu retrouveras des sentiments plus purs
En communion avec la nature féconde,
Qui jamais ne déçoit et qui toujours abonde,
Dans le sens de beauté, de charme et d’harmonie,
Tu reprendras courage pour une autre vie.
Une vie où tes yeux verront tout autrement ,
Où tu entendras des paroles dans le vent,
Paroles des rochers, des ruisseaux et des fleurs,
Qui diront l’amour que j’ai pour toi dans le cœur.
Le 6 juillet 2005
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)