Dans la grande forêt, datant du fond des âges,
Qui vit le roi Arthur chevaucher fièrement,
Au milieu des granits érodés par le temps,
La Rivière d’Argent chuchote en gai ramage.
Les arbres séculaires, aux troncs rugueux et gris,
Se perdent dans le ciel. Leurs racines énormes
Viennent étreindre les blocs des éboulis informes
Où les rochers semblent des géants assoupis.
Descendant au ruisseau qui sautille, curieux,
On visite des grottes où la mousse en coussin
Fait des taches plus vives dans l’ombre des recoins,
D’où l’on sent qu’un dragon pourrait surgir furieux.
Dans un espace clos, sur le sol, sont posés
Des rochers travaillés par l’érosion des ans,
C’est comme une cuisine des maisons d’antan
Que la Vierge habita et qu’elle nous a laissée.
On s’arrête un moment devant un roc énorme
Et on s’appuie dessus, pour se poser un peu.
Surprise, il tremble et bouge, on n’en croit pas ses yeux,
Nous devenons géants à la force hors norme.
Puis on s’en va plus loin rejoindre le chemin
Qui mène au Camp d’Artus, une vaste clairière.
La mare aux Sangliers est tout juste derrière,
Bien cachée aux regards des manants importuns.
Quand le soir, la lumière commence à décliner,
Et qu’un léger brouillard rampe dans les sous bois,
On croit voir les fantômes des plus anciens rois
Qui se lèvent et s’en vont la nuit se promener.
Et le ciel s’assombrit, la hulotte s’éveille
Et ses hululements vous font froid dans le dos,
Au milieu des géants qui nous semblent plus haut
Qu’en plein jour, quand ils étaient noyés de soleil.
On rentre alors chez soi, se retournant souvent,
Et on comprend enfin le grand secret du lieu,
Huelgoat est toujours la demeure des Dieux
Que les druides honoraient dans le plus anciens temps.
Le 20 avril 2005
----------------
Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)