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     Vaporeuse créature fraternelle (changement de texte)
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Expéditeur Conversation
ethiel
Envoyé le :  4/6/2009 15:23
Plume d'or
Inscrit le: 31/10/2008
De:
Envois: 1387
Vaporeuse créature fraternelle (changement de texte)
En cette vie, et ce monde, où, et même comment se mettre ? C'est sans doute ici même que jaillissent les véritables questions.
Je serai alors tentée d'y répondre en écrivant simplement : juste là, contre moi, et moi-même à califourchon sur un banc.
Assis là à ne rien dire; sans doute un peu las, à regarder, contourner l'ombre noire qui nous poursuit toujours quand le soleil est culminant.
Et, parce qu'il nous le rend bien, la pensée est soudain quelque peu assassine, et l'idée franche, ici même, est assez impérieuse de cisailler le temps;
Que ne soient alors plus que lambeaux; de minutes, d'heures, et même, d'un tour de cadran complet finalement.
Ou bien de la poussière, et de temps justement, s'agglutinant sur des souvenirs lacérés, oubliés, engloutis; sous des jours, tout du moins en surface, largement nettoyés proprement.
Et puis ne plus rien faire, ou juste, souffrir ensemble; d'une amnésie brutale feutrant les secondes résiduelles; toutes celles, qui font qu'en ces lendemains quelquefois on espère, assez sensiblement.
La carotte au lapin, ou les secondes à l'humain, à une forme prés, l'appât et la démarche sont similaires, et la quête identique de toute chose qui nous pousse en avant.
Mais moi je suis là, être un tantinet hybride, croisement entre deux mondes; de l'homme et l'animal; qui n'attend rien, et même -et surtout-, pas de futur assurément.
Un pays de larmes m'accueille, me berce en ses tumultes à chaque instant. Et je me laisse porter, et même, boit de mes rivières lacrymales quelques tasses qui n'ont rien à envier à la mer, tant leurs saveurs sont relevées; bien salées; et pleines d'amertume par moment..; des tasses, qui semblent se suffire à elles-même, puisque je suis là, comme posée sur une bouée tissée de velours et de soie, la tête hors de l'eau, si loin de la noyade qui me guette... en ces temps que je n'ai jusqu'à lors su décharner intégralement.
Là, à ne rien dire, assise à califourchon sur un banc...

J'aurai sans doute dix mille choses à relater ou à écrire. Mais il est à côté des mélodies qui nous bouleversent, des brises fraîches, des cieux comme affamés qui se creusent quelque peu , des passages à vide, des pages blanches et des paroles muettes, que tout silence digne de ce nom se doit de respecter simplement. Et c'est ici ce qu'il se passe : je pense, en silence, en ne pensant pas que je pense; les yeux rivés sur le bitume de la cour de récrée, et même, sur le préau de l'école à quelque pas qui s'emplit bruyamment. Ligne droite sur l'horizon qui nous fait face. En deux accords bousculés d'un air de violoniste, je me souviens comme jadis la cour était vide, et paradoxalement pleine de rire chahuteurs d'une bonne centaine d'enfants. Des rires, qui m'ont longtemps rouée de coups à l'intérieur, mais qui s'enrôlent, se perdent, et même se crash en ma matière grise aujourd'hui, littéralement imperméable, et même congelée par moment.
Des rires, ou toute joie de vivre qui simplement s'enhardit, de moineaux piaillant-sautillant sur des marelles et des cordes à sauter prés du nid.
Mais il faudrait quand même se l'avouer : je n'ai jamais mangé de ce pain là; je n'étais pas de ceux-là; pas plus de la partie... Mon coeur, et depuis toujours, à le teint grisonnant de l'asphalte, et n'est à peine qu'un piètre filament de vie tambourinant machinal sous une sombre enrobée. Alors, bien que je me foute amplement des qu'en dira-on et des bonnes convenances, il serait incongru j'imagine d'écrire, ici même à la craie, sur un banc en ce lieu précis, combien nous autres "immatériels" m'ont manqué, et même, creusée au foret cruellement... Il serait sans doute incongru d'épancher, ce que seule Solitude a nourrit ... Alors, je l'écris dans l'air, et d'un geste incertain que rien ne retient : aussitôt dessiné, aussi vite balayé par le vent et rendu à l'oublie.

Je suis là, et largement blottie contre toi, je m'y repose un peu. De ta chaleur, je tire la couverture sur ma mémoire, et j'y éteins soudain même la lumière de mes yeux. Il fait si chaud par ici, et si froid à la fois : mistral et sirocco entrés en collision, qui s'agitent, s'affrontent en mon esprit, mais pour aucun n'en démordent pas; d'être; de bon vent, et même celui vainqueur soufflant pérenne en moi. Je pense, et pense encore... Mon esprit ? -de la mélasse qui se détend, se replie soudain sur elle même, en quatre tours, avant de s'étirer encore, une énième fois. Je ne sais plus très bien qui je suis, ni même, qui de l'intérieur me rend parfois visite, ni quel marionnettiste me tient par les ficelles fermement reliée à sa coupe. Je ne sais même plus de quoi je souffre, pourquoi je souffre, à tout bouts de champs où bien souvent je m'étale en courant, et me répand, comme si le sol, me tendait les bras chaque instant.
Vertiges de la verticalité ? Ou même, quelques impatiences qui me surprennent, quand le sang stagne en moi, et donc indubitablement ne m'irrigue pas? Quand l'oxygène ne remonte plus et que j'étouffe, asphyxiée dans une boite crânienne ou l'air ne se renouvelle jamais, puisque les courants d'airs sont piégés sous mes pieds, et donc, de mes petites hauteurs ne s'engouffrent même pas ? Je ne saurai dire pourquoi. Je sais juste que je reste allongée, atterrée, comme prisonnière d'un lit de barbelés qui m'a vu naître, et m'a bercé en m'écorchant de nombreuses fois. Mais puisque tu t'es étalé toi aussi plus d'une fois, et que de surcroît, même à dix mille lieues de la meute, les loups solitaires semblent ne t'effrayer pas, alors, les limites même du lit, ou le sens opportun par lequel on y rampe... Tout cela n'a ici justement pas de sens. Sauf, peut-être, celui d'y être tout en fermant les yeux, et de rebâtir une vie, et même un monde comme cela. Mais je ne saurai néanmoins jamais éluder ces barbelés, quand bien même ces derniers profondément me meurtrissent. Ceux là m'ont douloureusement maternée sous leurs pointes acérés. Et aujourd'hui, je crois que je ne connais bien qu'eux. Et que je me perdrai plus encore en demain sans ceux là. Il est des cas, et même des temps qui s'accrochent à leur bourreau parfois; comme je suis solidement attachée à ces barbelés qui me piègent; depuis le commencement du monde, et même encore une fois. Je ne saurai réellement changer, et certainement pas le cours des choses en tout cela. Et même si ça me peine, au fond, et tu l'avais naguère si bien écrit : "Je suis bien triste aussi. Moins avec toi."

Prés de toi, je ferme encore les yeux. Mais j'ai l'urgence, et le besoin souvent, de caresser ce banc d'une gestuelle presque symptomatique, qui tout du moins me rassure. Mais que faire, lorsque seul du bout des doigts les murs d'inquiétudes s'ébranlent et se fissurent ? Comment pouvoir être, et si sûre de ne pas tomber là, que même certaine que ce qui me retient soudain ne s'évapore pas ? User, et abuser du sens tactile en éveil ? Mais ne jamais trouver que tant de choses froides et inertes à son encontre, bien en contact. Des paradoxes et des antagonismes à pleine main : des bouts de verres tranchants, des fils de fer et des clous rouillés, des murs de béton sur de la vie, des traverses de bois et des canifs affûtés, bien tournés vers la paume, flirtant quelques veines et des plaies qu'on ne referme pas. Des poignées de béances, ravaudées au bout des bras de quelques piètres et grossières sutures, qui menacent encore de lâcher à tout va... Et peut-être, que nous ne pourrons finalement rien changer à cela. A part s'aimer, en baisant charnellement des par terre et des portes d'église, en rendant la monnaie de sa pièce à la vie, qui depuis toujours nous baise allègrement en ce monde là. Peut-être, que nous serons juste ainsi. Ensemble. Là.
Parce que je te sais là, et malgré ton absence qui se cristallise en moi comme un voile de buée, que toutes les ouvertures aléatoires fragilisent, dissipent, un peu plus loin condamnent.
Vaporeuse créature fraternelle, qui me rend quelquefois si vulnérable, qui m'entraîne chaque fois plus bas sous le ciment, à creuser les mains nues à la pelle, et jusqu'au coeur de mes entrailles. Je m'enfonce, sans ne jamais pouvoir m'agripper ni même me retenir dans les confins de nos terres avec toi. Et, parce qu'il vaut toujours mieux vriller, que de stagner se desséchant comme une peau morte sur le ponton des navires, je t'aime aussi terriblement en cela.
Je t'aime, parmi les tempêtes et les cataclysmes, et même, ce qui est un comble à l'orée de toute condition typiquement agnostique, à la lueur de ces quelques paroles de ce Saint Augustin, et qui l'avait lui même si bien écrit "...Alors... essuie tes larmes et ne pleure plus... si tu m'aimes !".
Même si nous savons tout deux combien les larmes qui nous inondent, qui nous accordent quelque peu de matière à nager, sont aussi celles qui quelquefois sans attention nous renouvellent...
Honore
Envoyé le :  16/6/2009 10:55
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Vaporeuse créature fraternelle (changement de texte)
Beaucoup de tourments dans cet écrit où scintillent cependant quelques lueurs d'espoir.
HONORE
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