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     Le Solitaire
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Expéditeur Conversation
AudeM
Envoyé le :  29/5/2009 14:03
Plume de satin
Inscrit le: 26/2/2008
De:
Envois: 33
Le Solitaire
Sur le bitume, partout, et peut être même sur les murs ternes des grands immeubles, des feuilles rouge et jaune, qui, sous le vent d’automne, tentent de s’envoler jusqu’au ciel…
Odette se dépêche de franchir les quelques mètres qui la sépare du n° 12, rue du Pérou.
Toutes les rues du quartier portent des noms de pays.
Il est dix sept heures.

En rentrant chez elle, comme d’habitude, Odette s’offre une tasse de thé.
Le thé la réconforte toujours.
A présent, la pluie frappe les carreaux. Odette ne peut s’empêcher de sourire.
Au moins, le climat correspond Ă  ses sentiments les plus intimes.
Si seulement le temps pouvait s’arrêter… Si elle pouvait rester assise, et continuer à boire du thé, en compagnie d’un livre, ou d’une broderie…
La sonnerie du téléphone est comme une agression.
Odette se lève, et s’enferme dans la salle de bain.
Ils ne pourront jamais comprendre. Bien sûr, elle avait sa part de responsabilité.
Et elle savait qu’il était trop tard.
Alors, pourquoi hésiter entre une robe bleue et un pantalon gris « coupe droite » ? Pourquoi fallait il choisir entre le bracelet en or et celui argent ? Quelle importance.
Etait ce par ce qu’elle était née le jour de la Toussaint, que sa vie semblait être maudite ?
La robe bleue lui allait plutĂ´t bien.
Odette adressa à son reflet un grand sourire, quoiqu’un peu crispé, et se dit que même si le temps ne s’arrêtait pas, il lui restait encore une heure de liberté.

Sur le palier de droite, l’appartement n°10 dissimulait jalousement la future nouvelle star mondiale du piano, originaire de Roumanie.
Quatre heures par jour, y compris le dimanche, Yohanna, âgée de huit ans, faisait découvrir à ses voisins Mozart, Rachmaninov, De Falla ou encore Scott Joplin…
Yohanna n’allait pas à l’école, et ne fréquentait aucun cours de musique de la ville.
Le samedi, sa mère, une femme dont le regard effrayait tous ceux qui osaient le croiser, emmenait la petite fille au square.
Odette Ă©couta quelques instants une valse en la mineur de Chopin, et ramassa un sac de sport qui appartenait Ă  son mari.
La petite boîte rouge, et le solitaire qui roule sur le linoléum orange.

Dehors, il fait nuit.
Dans sa chambre d’hôtel, Odette est assise, immobile, au bord du lit.
A présent, il fallait choisir.
Elle avait toujours su qu’il ne l’aimait pas.
Odette se souvenait encore de son premier regard sur elle.
Elle portait une jupe qui lui arrivait aux genoux, et un corsage blanc de petite fille.
Avec ses cheveux plats et ses lunettes de myope, même alors, Odette savait que malgré sa taille fine, elle n’avait aucun charme physique.

Elle l’avait remarqué, dés le premier jour de la rentrée, au lycée.
Afin qu’elle puisse suivre des cours de latin, ses parents, à contre cœur, avaient dû l’inscrire au lycée de garçons.
Il Ă©tait grand, avec des cheveux bruns et des yeux sombres.
Il jouait de la guitare, connaissait par cœur les chansons de Léonard Cohen.
Comme elle, il Ă©tait inscrit au conservatoire de musique. Il jouait de la clarinette.
Dans ce lycée de garçons, il y avait seulement quatre filles, toutes en cours de latin.
Alors, pourquoi elle ?

Le bruit des klaxons, furieux, sur le canal St Martin.
Elle savait tout, depuis le début.
Et pourtant, elle continuait à l’aimer, à essayer de comprendre.
Elle ne pensait pas pouvoir vivre sans lui.

La petite mansarde sous les toits, glaciale en hiver et une véritable fournaise dès les beaux jours.
Un jardin dans lequel elle et ses sœurs, n’avaient jamais eu le droit de jouer.
Le silence.

Et puis, les enfants avaient grandit.
Tous les quatre étaient partis le plus vite possible, fuyant la folie de leur mère, et l’absence de leur père.
Elle savait bien qu’elle était folle.
Folie incontrôlable, indécente.
Les aînés s’étaient éloignés d’elle dés leur adolescence, quand aux jumelles, elles n’avaient besoin ni de leurs parents, ni de leurs frères.
Folle de douleur, folle de solitude.
Et maintenant ?
Elle serait en retraite d’ici deux ans.
Les enfants Ă©taient loin.
Seule l’une des jumelles avait eu un petit garçon, mais elle était musicologue et vivait aux Etats Unis.
Quant aux trois autres, elle n’en n’espérait plus rien. Comme leur père, ils ne lui avait apporté aucune satisfaction.
Depuis combien de temps avait elle renoncé à espérer quoi que ce soit ?
Lui, il continuerait à travailler encore quelques années.
Ensuite, ils se retrouveraient face Ă  face.

Dehors, une petite pluie fine, désagréable.
Odette avait faim, et un bar à vin qui proposait en entrée un caviar d’artichaut au parmesan, attira son attention.

« Et que devient Laure ?
-Elle termine sa licence d’allemand, et vit avec Thibault ! Et ton fils, il fait toujours du droit ?
-Oui, il est d’ailleurs temps que ça se termine !! »
Deux femmes, d’une cinquantaine d’années. Le sac à main assorti au tailleur.
Chamonix ou les Arcs en hiver, le Gacilly, place de l’Opéra et les pièces de théâtre au Théâtre National.

Le caviar d’artichaut au parmesan est vraiment délicieux.
Odette ne put s’empêcher de sourire pour elle-même, un sourire un peu moqueur.
Peut-être que sur son lit de mort, la dernière chose qu’elle demanderait sera une tasse de vrai thé anglais, ou un carré de chocolat noir -80 pour cent de cacao.
Elle avait prit beaucoup de poids lorsqu’elle attendait les jumelles.
Ensuite, elle ne s’était plus arrêté de manger.
Durant sa grossesse, il continuait à partir dans toute la France, afin de participer à des régates de planche à voile, sa deuxième passion-après les femmes.
Il la laissait seule, avec son ventre énorme et deux enfants en bas âge.
Manger était devenu son seul réconfort.

Elle a à peine terminé son caviar d’artichaut, que l’une des serveuses s’approche.
Odette hésite, il est encore tôt, et elle ne veut pas encore rentrer dans sa chambre d’hôtel.

Le goût âcre du chianti, lui rappelle des vacances à Hendaye…
Soudain, dans la poche de son manteau, son téléphone portable se met à vibrer.
Sa dernière maîtresse est une prof d’E.P.S., très beau corps et vingt ans de moins que lui…
Comment pourrait- elle lutter contre ce type de fille.
Il ne savait pas ce qu'elle aimait, ce qu'elle aurait voulu.
Le téléphone ne cesse de vibrer.
Odette se décide à répondre, mais il s’agit d’un s.m.s, tellement long, que le téléphone semble ne plus savoir comment fonctionner.

« Je t’aime je t’aime et je t’aime
Je t’aime je t’aime et je t’aime
Je t’aime je t’aime et je t’aime
Je t’aime je t’aime et je t’aime
Je t’aime je t’aime et je t’aime
Je t’aime je t’aime et je t’aime
Je t’aime je t’aime et je t’aime
Je t’aime je t’aime et je t’aime
Je t’aime je t’aime et je t’aime
Je t’aime je t’aime et je t’aime… »

Fin

Honore
Envoyé le :  1/6/2009 9:55
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Le Solitaire
L'on est pris par la lecture de ce texte dont la force réside dans la simplicité des sentiments exprimés et les réalités d'une vie solitaire.
HONORe
AudeM
Envoyé le :  4/6/2009 23:35
Plume de satin
Inscrit le: 26/2/2008
De:
Envois: 33
Re: Le Solitaire
merci...
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