La grande forêt dort en cette nuit de mai.
Le silence est profond, Ã peine on entendrait
Le vent qui chuchote en passant de feuille en feuille,
Déposant la rosée que les limbes recueillent
Assis sur un vieux tronc à l’écorce creusée
Je reste silencieux et l’esprit reposé.
Je t’attends calmement, tu viendras, j’en suis sûr,
Et pour quelques instants mon sort sera moins dur.
Une ombre rousse passe en cachant les étoiles,
Chouette au vol ouaté, et la lune se voile.
De la mare obscure ne parvient aucun bruit,
L’eau calme reflétant la voie lactée qui luit.
Puis une lueur pâle aux reflets d’azur clair
Descend du ciel et flotte, sans poids, dans les airs.
Elle vient près de moi, je me sens apaisé,
Je t’attendais, ma mère, et tu es arrivée.
J’entends très bien ta voix toujours belle, chantante.
Mon cœur pleure de joie tellement elle enchante.
Dans ta grande bonté, tu panses mes blessures
Et tes conseils sont bons pour mes actions futures
Doucement, je revis, tu me refais sourire
Car je suis près de toi. Je ne sais comment dire
A quel point ta présence me manque si fort
Depuis ces quatre années, depuis ta triste mort.
Pendant que nous parlons, la nuit poursuit son cours
Le sablier du temps s’affole vers le jour
Tu te mets à chanter « fleur de blé noir ». Je pleure
Car je sais que tu dois repartir à cette heure
Peu à peu, comme s’éteint l’ardente braise
Ton fantôme pâlit, je me sens mal à l’aise
Et bientôt tu achèves de t’évanouir
Sans que mes pauvres mains puissent te retenir.
Et je reste assis là , l’aube à peine naissante
Ne sèche pas mes larmes coulant, ruisselantes.
Je t’ai perdue encore, oui, tu es repartie
Dans le pays des Justes, et moi je reste ici.
Alors qu’un jour frileux perce les frondaisons
Je me lève et enfin retourne à la maison
Qui me semble lugubre et triste à en mourir
Tu n’es plus là pour l’égayer et l’embellir.
Assis sur une chaise, le menton dans la main
Mes pensées vagabondent et je sais que demain
A l’agonie du jour, oui je repartirai
Et dans la forêt bleue, je te retrouverai.
Le 8 juillet 2005
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)